Article publié dans L’Expansion daté d’avril 2002 ;
Le magazine avait demandé à un certain nombre d’individus – dont votre serviteur – de faire des propositions « simples et réalistes » dont la mise en oeuvre représenterait un progrès à leurs yeux. Voici ma copie (il était demandé de faire court !).
Les problèmes d’environnement feront – malheureusement – partie des « urgences » du siècle qui s’ouvre. Pourtant, passés quelques discours enflammés de-ci de-là, force est de constater que, dans les actes, la préservation de conditions environnementales stables est souvent une priorité secondaire au regard de bien des objectifs consuméristes, et cela concerne tant les hauts fonctionnaires ou les dirigeants d’entreprise que chacun d’entre nous pris comme consommateur.
Si le choix éclairé, qui consiste à accepter en parfaite connaissance de cause des nuisances présentes et des risques futurs pour un bénéfice souhaité par ailleurs, est par nature légitime en démocratie, l’ignorance de l’impact de nos activités sur l’environnement peut-elle être encore considérée comme un critère de choix acceptable ? En particulier, en ne dispensant pas le moindre enseignement systématique en la matière à l’ENA (et accessoirement dans bon nombre d’écoles de commerce ou d’ingénieurs), n’incite-t-on pas directement nos futures « élites » à ne pas se soucier du fait que nous vivons dans un monde soumis aux lois de la physique et de la chimie avant de l’être aux « lois » économiques ?
Il ne serait pourtant pas ruineux pour le contribuable d’instaurer des enseignements permettant à ceux qui seront chargés d’administrer le bien commun de comprendre que la totalité de nos décisions (économiques, réglementaires, fiscales, même sociales) a directement ou indirectement un impact sur le monde physique, afin que nos futurs députés, hauts fonctionnaires et dirigeants d’entreprise ne commencent pas leur carrière en considérant que les problèmes d’environnement sont purement techniques, détachables du reste, et « qu’il suffit » de les confier à quelque expert du domaine pour qu’il soient résolus.