Tribune parue dans Les Echos du 22 janvier 2019
Il était temps qu’il arrive ! Voici venir le Grand Débat National, qui va enfin permettre de comprendre comment passer à l’action sur la transition écologique d’une manière qui ne mettra pas les gens dans la rue.
Que va-t-il amener de plus que les débats et commissions portant sur la question depuis le début des années 2000 ? Il y eu le Débat National sur les Energies en 2003, le Grenelle de l’Environnement en 2007, la Commission Energies 2050 en 2011, le Débat National sur la Transition Energétique en 2012, sans oublier quelques commissions parlementaires ici et là…
La réponse la plus probable est hélas pas grand chose. Car pour qu’un débat, fût-il petit ou grand, permette d’avancer sur la bonne (ou la moins mauvaise) politique publique pour traiter un problème, encore faut-il que ce dernier soit correctement compris par le commanditaire du débat.
Pour l’heure, ce n’est toujours pas le cas : le monde politique continue de penser que la transition écologique n’est qu’une variante de la croissance perpétuelle. Malheureusement, les faits nous disent l’inverse. Produire des biens et services, c’est transformer – donc détruire sous leur forme initiale – des ressources naturelles extraites de l’environnement !
Dans ce cadre, la « transition écologique » est l’équivalent d’un régime qui permet de vivre plus longtemps : nous choisissons une baisse de notre consommation – donc une contraction de l’économie – en contrepartie d’un confort matériel minimum qui dure le plus longtemps possible. Cette vision là ayant sa cohérence interne, nous pouvons décider de mesures pour la gérer au mieux.
A l’inverse, si nous réfutons toute idée de baisse de la consommation, la transition écologique restera un discours. Il n’y aura pas de croissance perpétuelle pour autant : le monde étant fini, nous taperons simplement le mur des ressources un peu plus tard, avec une chute à suivre bien plus douloureuse, puisque la capacité d’amortissement demande un minimum de ressources résiduelles.
Avec un peu plus de 7 milliards de terriens sur une planète qui n’a pas augmenté de taille, la question fondamentale est devenue simple : se mettre au régime pour durer, ou pas. Demander comment organiser une transition écologique si elle n’est pas comprise pour ce qu’elle est, c’est perdre son temps.