Quiconque souhaite gérer le problème du changement climatique doit en fait agir sur deux tableaux :
- Il faut diminuer les émissions, pour atténuer l’ampleur du problème et diminuer les risques futurs, car, de même que cela a toujours un sens pour un fumeur de s’arrêter de fumer, quel que soit son état de santé de départ, cela a toujours un sens pour nous, quel que soit l’état de notre environnement, de ne pas l’aggraver,
- Il faut se préparer au réchauffement inéluctable découlant des gaz à effet de serre supplémentaires déjà présents dans l’atmosphère, qui à eux seuls assurent déjà 1,5 à 2 °C de réchauffement à quelques siècles d’échéance, ce qui est beaucoup comparé aux variations passées.
Si nous regardons la question de la réduction, le point important est qu’une telle réduction ne peut s’organiser que de manière internationale, car :
- le changement climatique se manifestera partout dans le monde, sans être circonscrit aux zones qui sont les plus « pollueuses » en gaz à effet de serre, et n’offrira aucun sanctuaire,
- compte tenu de la durée de vie des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, un seul gros « mauvais joueur » (les USA actuellement, peut-être la Chine demain) peut suffire pour réduire à néant les efforts des autres pays, si efforts il y a.
C’est la raison pour laquelle ce problème du changement climatique fait périodiquement l’objet de réunions internationales, dans le cadre de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC).
Ensuite, trois variables sont disponibles pour réduire ces émissions :
- le progrès technologique, qui permet de réduire les émissions unitaires,
- les économies d’énergie provenant de modes d’organisation et de « développement » différents de la société. Mais nous n’en prenons pas le chemin ! En effet, dès lors qu’il faut arbitrer entre le court terme, incitant à une plus grande consommation d’énergie (construction d’une nouvelle autoroute, d’un nouvel aéroport, baisse d’impôts pour inciter les gens à consommer plus, etc) et le long terme, qui supposerait que l’on « freine » la consommation d’énergie, ce qui voudra souvent dire qu’il faut freiner la consommation matérielle tout court (via la création de taxes ou la hausse de taxes existantes, par exemple), c’est très souvent le court terme qui est privilégié.
Il est donc extrêmement improbable que sans volonté explicite nous arrivions rapidement à une baisse significative, au niveau mondial, des émissions de gaz à effet de serre (en fait je devrais dire une baisse significative et volontaire, car une telle baisse arrivera de toute façon comme conséquence de la finitude du monde). Une baisse significative s’entend comme une diminution de moitié, voire plus, en quelques décennies, des émissions mondiales.
En ce qui concerne la préparation aux conséquences inéluctables, la difficulté qu’il y a à donner des prédictions régionales détaillées limite les « recommandations » pour renforcer la robustesse de notre civilisation à des choses très générales :
- Diversifier l’agriculture, pour la rendre moins vulnérable, et disposer d’espèces que l’on peut espérer adaptées à des conditions climatiques différentes des conditions actuelles,
- Augmenter la résistance des infrastructures indispensables (dont celles liées à la production & distribution d’électricité) au vent, à l’excès ou au contraire au déficit d’eau, aux incendies… Mais soyons clairs : toutes les autoroutes et tous les aéroports ne sont PAS indispensables ! Par contre je mettrais plus volontiers les voies ferrées dans cette catégorie.
- renforcer les défenses anti-feu dans les forêts,
- reconstituer des stocks de tout et n’importe quoi (car le flux tendu suppose des voies de communication en bon état, et de l’énergie abondante…),
- Ne pas construire en zone inondable (les inondations vont très certainement augmenter)
- Développer la pisciculture (sans choisir des espèces carnivores, nourries avec des poissons pêchés, ce qui n’est alors qu’un déplacement du problème !)
- Et….l’exercice n’a pas dû être fait souvent : la (longue) liste est ouverte !