Voilà quelques années que je n’effectue quasiment plus de déplacements en voiture en régime « au quotidien », c’est-à-dire pour ma vie de tous les jours. Mes déplacements motorisés se cantonnent maintenant à quelques sorties le soir et aux départs en vacances.
Je ne prétends pas que mon cas soit transposable à n’importe qui, et l’objet de ce qui suit n’est surtout pas de m’ériger en modèle de vertu (d’autant moins que j’ai adopté ce mode de fonctionnement avant tout parce que c’est agréable, et non parce que c’est écologique !), mais il m’a semblé intéressant de décrire comment s’organisent alors les déplacements, car je suis dans une catégorie généralement grosse consommatrice de déplacements en voiture : j’habite en banlieue et la maison est pleine d’enfants.
- je suis travailleur à domicile. Je n’ai donc pas de déplacement à effectuer le matin pour aller au travail.
- J’habite en banlieue parisienne. Lorsque j’ai besoin de me déplacer sur Paris ou en région parisienne pour voir du monde (un jour sur deux en moyenne), je prends le RER (je marche jusqu’à la gare). Porte à porte, c’est généralement plus long que de se déplacer en voiture, sauf aux heures de pointe pour aller sur Paris. Mais, contrairement à la conduite qui ne permet pas de faire autre chose en même temps, sauf écouter les mauvaises nouvelles à la radio ou téléphoner à tout le monde pour passer le temps, le déplacement en RER laisse le loisir de lire (même debout !), que ce soit le journal, des notes, un livre, ou de travailler tranquillement sur un papier en cours.
- lorsque je vais en province, je prends le train, jamais l’avion. Outre ses inconvénients environnementaux, l’avion ne représente pas pour moi un gain de confort ni de temps : le temps du déplacement est du temps de perdu, car au contraire du train, on ne peut pas y travailler commodément, il y a plusieurs ruptures de charges, on y est chichement assis, il n’est pas possible de se lever pour se dégourdir les jambes, ce n’est pas commode d’accéder à des dossiers (pas de place devant, pas sous le siège…) ou d’ouvrir un ordinateur portable et c’est bruyant. Le train, c’est confortable, plus spacieux (même en seconde), bien moins bruyant ; on peut se lever pour aller boire un verre pour se dégourdir les jambes, et on y a de l’espace suffisant pour utiliser un ordinateur portable ou simplement lire tranquillement un livre. La SNCF devrait être mise sous la double tutelle des ministères des transports et de la culture !
- pour mes déplacements de proximité dans la journée (moins de 5 km) je prends un vélo. Si j’ai besoin de transporter quelque chose (marché, même supermarché) ou « quelqu’un » (j’accompagne notamment mes jeunes enfants à l’école le matin – et vais les chercher le soir – dès que je n’ai pas de contrainte impérative d’agenda, privilège du travailleur à domicile !) j’y adjoins une remorque à vélo que j’ai achetée par correspondance (photo ci-dessous), qui peut supporter 50 kg de charge (qui se plie et que j’emmène en vacances). C’est de la fabrication suisse, donc z’est zolide !
Utiliser un vélo pour les courts déplacements n’a que des avantages :
- ce n’est pas cher (le cout complet d’une voiture est de 5.000 euros par an ; mon vélo et sa remorque – qui sont du matériel haut de gamme – environ 100 euros par an) ; une étude de l’IFSTTAR montre que le coût d’usage d’un vélo est 5 à 10 fois moins élevé que celui d’une voiture au km (y compris ce que l’on mange en plus !),
- cela ne fait ni bruit, ni fumée, ni gaz à effet de serre,
- entre 18 et 50 ans c’est moins dangereux que de se déplacer en voiture à distance équivalente,
Tranche d'âge | Cyclistes | Automobilistes |
---|---|---|
12-14 ans | 16,8 | - |
15-17 ans | 18,2 | - |
18-24 ans | 7,7 | 33,5 |
25-39 ans | 7 | 9,7 |
40-49 ans | 9,2 | 9,7 |
50-59 ans | 17,2 | 5,9 |
60-64 ans | 32,1 | 10,4 |
65 ans et plus | 79,1 | 39,9 |
Risques d’accident par million de km pour le vélo et la voiture aux Pays-Bas (étude non réalisée en France)
Source : Union Européenne
Quand on sait que les déplacements à vélo sont généralement plus courts que ceux en voiture, cette affirmation est encore plus vraie si l’on fait le calcul par déplacement.
Par ailleurs les déplacements en vélo en rase campagne sont surreprésentés dans les accidents (le risque est moindre en ville).
- cela me maintient en forme : c’est de l’exercice quotidien (cf. tableau ci-dessous),
Poids / vitesse du cycliste | 19,2 km/h | 22,4 km/h | 24 km/h | 25,6 km/h | 27,2 km/h | 28,8 km/h | 30,4 km/h |
---|---|---|---|---|---|---|---|
50 kg | 293 | 348 | 404 | 448 | 509 | 586 | 662 |
54 kg | 315 | 375 | 437 | 484 | 550 | 634 | 718 |
59 kg | 338 | 402 | 469 | 521 | 592 | 683 | 773 |
63 kg | 360 | 430 | 502 | 557 | 633 | 731 | 828 |
68 kg | 383 | 457 | 534 | 593 | 675 | 779 | 883 |
72 kg | 405 | 485 | 567 | 629 | 717 | 828 | 938 |
77 kg | 427 | 512 | 599 | 666 | 758 | 876 | 993 |
82 kg | 450 | 540 | 632 | 702 | 800 | 925 | 1048 |
86 kg | 472 | 567 | 664 | 738 | 841 | 973 | 1104 |
91 kg | 495 | 595 | 697 | 774 | 883 | 1021 | 1159 |
Dépense énergétique (kCal par heure) en fonction du poids et de la vitesse.
(*) Vitesse sur plat sans vent
On estime qu’une heure de vélo fait gagner une heure de vie ; il est par ailleurs établi que l’augmentation fulgurante du nombre d’obèses et de personnes surpondérées (être obèse augmente à peu près tous les risques sanitaires, notamment cardiovasculaires, mais aussi le diabète, les problèmes articulaires…) est due pour beaucoup à une diminution très forte de l’activité physique (une étude rapportée dans Le Monde du 14 mars 2000 montre qu’aux USA le taux d’obésité évolue exactement comme le nombre de voitures en circulation)
- le minutage de mes déplacements est prévisible : je ne suis arrêté par aucun bouchon,
- ce n’est pas stressant, même si cela ne va pas très vite (entre 12 et 40 km/h selon que cela monte ou descend, sur le plat et sans vent 25 km/h sont faciles à atteindre avec un vélo moderne), car en fait ce qui stresse est d’avoir à ralentir ou à attendre (bouchons), ce qui n’arrive pas souvent en vélo,
- de fait en ville, ou même en banlieue, c’est beaucoup plus rapide sur quelques km que la voiture aux heures de pointe, et même en dehors si l’on inclut les temps de stationnement, réduits à leur plus simple expression en vélo,
- contrairement à ce que l’on croit, en ville on s’intoxique plus en voiture qu’en vélo (ci-dessous),
Nature du polluant | Cyclistes | Automobilistes |
---|---|---|
Monoxide de carbone CO | 2670 | 6730 |
Dioxide d'azote NO2 | 156 | 277 |
Benzène | 23 | 138 |
Toluène | 72 | 373 |
Xylène | 46 | 193 |
Polluants respirés sur un même trajet selon le mode de déplacement (mesure directe de la composition de l’air inhalé)
Source : Union Européenne
- je n’ai jamais de problème pour garer mon véhicule juste à côté de mon lieu de destination ; j’ai cependant investi dans un gros cadenas de moto pour être sûr de retrouver mon bolide au retour, et c’est suffisamment dissuasif jusqu’à présent !
- le nombre de jours dans l’année où il pleut à verse pile au moment où l’on souhaite monter sur son vélo n’excède pas quelques unités : il est étonnant de constater que souvent on passe « entre les gouttes », en outre si ce n’est qu’une petite bruine un ciré et une allure un peu moins rapide font l’affaire,
- cela amuse mes enfants,
- enfin notons que j’ai eu 4/20 en sport au Bac : ce mode de déplacement n’est donc pas réservé aux surhommes. Une fois que l’on s’y est mis, on finit par trouver cela beaucoup plus confortable que la voiture : je ne reviendrai pas en arrière de sitôt ! Du reste les gens qui se mettent au vélo parce qu’ils sont temporairement sans voiture trouvent souvent cela beaucoup mieux que ce à quoi ils s’attendaient, ainsi que l’atteste l’étude suivante réalisée par la CEE
Opinion des personnes obligées de recourir au vélo à la place de la voiture
NB : enquête réalisée aux Pays-Bas seulement.
Source : Union Européenne
Ce mode de déplacement est aussi intéressant pour la collectivité, car il est économe des deniers publics (un bon slogan des défenseurs de la bicyclette pourrait être : vous voulez moins d’impôts ? Roulez à vélo !) :
- il est moins gourmand en infrastructures – qui coûtent cher – que la voiture (si l’on suppose que le coût d’infrastructure est proportionnel à l’espace au sol utilisé, il y a un facteur 4 à 6 en faveur du vélo).Même avec l’essence à plus d’un euro, il faut savoir que la voiture ne paye pas en général ce qu’elle coûte à la collectivité, et que cela est encore plus vrai en ville (sans même parler d’effet de serre, dont l’internalisation des coûts externes n’a pas de sens),
- de par sa fonction de maintien en forme il est économe des dépenses liées à la maladie,
- enfin de par le fait qu’il engendre peu d’accidents, il est aussi économe des dépenses sociales afférentes (hospitalisation, pensions versées aux veufs et invalides, allocations d’handicapés, etc).