Tribune parue dans Les Echos du 3 septembre 2013
Annoncé à grands coups de conférence environnementale par Hollande en septembre 2012, le débat national sur la transition énergétique s’est achevé en juillet dernier. Malgré quelques points positifs, la montagne a globalement accouché d’une souris.
La faute au gouvernement, pour commencer, qui aura saisi à peu près toutes les occasions de rendre l’exercice illisible. La consommation d’énergie est avant tout une affaire de prix ? Cet aspect sera donc traité hors débat, via une loi immédiatement mise en chantier, qui illustrera à merveille l’adage « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué », à tel point qu’elle finira par une censure du Conseil constitutionnel.
Les trois quarts de l’énergie finale vont dans les bâtiments et les transports ? Alors le bâtiment restera en dehors du débat (au motif qu’il est déjà au Plan Bâtiment Grenelle), et les transports itou, avec un ministre en charge qui restera aux abonnés absents pendant tous les échanges.
Le gouvernement entend baisser nos émissions de gaz à effet de serre, réindustrialiser le pays, soutenir les exportations, résorber les 70 milliards d’euros de pétrole et gaz importés tous les ans, et ne pas trop ponctionner les ménages ? Alors entrons dans le débat en proposant une baisse du nucléaire, ce qui est contradictoire avec tous les objectifs ci-dessus !
Mais un autre acteur aura raté le coche dans cette affaire : le Medef. N’ayant toujours pas compris que l’environnement est avant tout l’ensemble des actifs naturels sans lesquels on peut oublier le PIB, sa position sur toute mesure environnementale est généralement une réédition de cette fameuse plaisanterie : « La réponse est non. Quelle est la question ? ».
Appliquant cette règle dans le débat en question, il aura manqué une occasion en or, celle de suppléer le gouvernement dans la proposition d’un projet de société qui redonnerait espoir sans prétendre nier les réalités physiques de ce monde. Bien comprendre comment on peut marier nos désirs avec la finitude de la planète, bien comprendre quelles sont les méthodes appropriées pour gérer cet ensemble complexe, et en tirer un cap qui pourrait rassembler une majorité, voici le progrès qu’il lui reste à faire, et c’est bien comme patron s’adressant à son organisme représentatif que je formule cette conclusion.