LAMBERT Gérard, Une radioactivité de tous les diables, éditions EDP Sciences, 2004
(200 pages, 15€)
Gérard LAMBERT est un ancien physicien au CEA, où il a travaillé au Centre des Faibles Radioactivités, qui a fusionné avec un autre laboratoire pour donner naissance au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (laboratoire désormais mondialement connu pour ses études sur les carottes de glace prélevées en Antarctique).
Il a également collaboré à la première édition du rapport du GIEC en 1990.
Commentaire
Après une première incursion réussie dans le domaine de la vulgarisation « romancée » de la science, Gérard Lambert récidive et s’attaque à un domaine encore plus ardu que le changement climatique, qui faisait l’objet de sa précédente livraison : la radioactivité. Becquerel, que de bêtises a-t-on dites en ton nom !
La « trouvaille » de Lambert est assez astucieuse : l’héroïne de son « roman radioactif » est une jeune femme, Muriel, dont les opinions sont probablement assez représentatives de celles de toute jeune femme sensibilisée à l’environnement (elle est donc antinucléaire), et qui, par amour pour son ingénieur de jules qui travaille au CEA (les salariés du CEA se marient, si si, et, incroyable autant qu’extraordinaire, il y en a même qui arrivent à avoir des enfants normaux !), va mener sa propre enquête pour essayer de se faire une opinion plus circonstanciée de ce qu’est la radioactivité.
La voici donc se promenant sur des terrains de lâcher de ballons stratosphériques, au sommet de l’Etna, se faisant mesurer sa propre radioactivité dans un sarcophage en plomb, visitant la Hague ou forçant la porte de chercheurs renommés (qui se laissent volontiers faire !) pour essayer de comprendre de quoi il retourne.
Bien évidemment, Gérard Lambert, qui a travaillé dans un laboratoire spécialisé dans les faibles radioactivités une large partie de sa vie, ne pouvait pas laisser le livre se terminer autrement que par un changement de regard de la jeune femme sur ce processus physique, lui faisant comprendre que la radioactivité fait partie du monde qui nous entoure et que, là comme ailleurs, c’est « la dose qui fait le poison ». Notre héroïne, à la fin du livre, n’aime toujours pas la radioactivité, mais….. elle n’en a plus peur.
La qualité romanesque reste la même par rapport à « La Terre chauffe-t-elle ?« , par contre la présence ici et là de quelques puissances de 10, de numéros atomiques, ou de particules alpha rend probablement cette lecture inaccessible à une personne parfaitement « profane » sur le plan scientifique. A la décharge de l’auteur, il est (très) difficile de faire sans….
Il n’en reste pas moins que cette tentative, très originale, pour essayer de faire comprendre que le Diable est plus dans l’ignorance des ordres de grandeur que dans les particules alpha, mérite d’être soulignée, et que quiconque a surmonté l’épreuve de la table de Mendéléiev devrait se dépêcher de lire ce livre avant de faire sien, sous l’effet répété d’articles dans la presse grand public écrits par des gens qui ne savent généralement ni ce qu’est un Becquerel, ni ce qu’est un actinide mineur, le titre – extrêmement bien trouvé – du premier chapitre : « moi j’aime pas la radioactivité ».