PONCELET Jean-Pol, L’Europe à Tous Vents, Académie Royale de Belgique, 2017
(120 pages, 7€)
Jean-Pol Poncelet, actuellement directeur général de Foratom (organisation de l’industrie nucléaire européenne), est physicien de formation et ancien ministre belge de l’énergie.
Commentaire
Toujours limpide, parfois cruel, et écrit dans un style étonnamment direct pour un ancien ministre, ce petit livre retrace 65 ans de politique de l’énergie en Europe, et explique comment nous sommes passés des concepts visionnaires en la matière aux ferments de la discorde.
L’énergie a été au coeur de la création de l’Europe. Se partager les ressources (le charbon et le minerai de fer) qui avaient été au coeur de 3 conflits terribles a donné lieu à la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (la CECA), en 1952. C’était 6 ans avant la création de la Communauté Economique Européenne, ou CEE, qui a été instaurée par un traité signé à Rome, d’où son nom.
Au même moment – et au même endroit, Rome – a également été conclu un autre traité pour gérer conjointement une énergie en devenir, le nucléaire, via la création d’Euratom.
L’un comme l’autre auront produit des résultats au delà des espérances : l’Europe n’a plus connu la guerre depuis la mise en place de la gestion commune du charbon, et le nucléaire est devenu premier ex-aequo (avec le charbon, hélas !) dans la génération électrique européenne, avec un quart de la production actuellement (les USA comme la Russie sont à 20%).
Mais… un jour l’Europe a fait la bêtise de considérer que l’énergie était un bien marchand comme les autres. L’auteur était aux premières loges à l’époque puisque, comme ministre, il eut à transposer la directive européenne sur la « libéralisation » des marchés de l’électricité. Cette directive, qui demandait explicitement aux états de moins mettre leur nez dans les affaires énergétiques, a, pour l’auteur, signé le « début de la fin » en ce qui concerne la construction européenne.
Car cette dernière n’avait pas pour objet premier de faire un marché unique. Ce dernier n’était qu’un outil au service d’une fin plus noble : assurer au Vieux Continent la paix et une communauté de destin. La gestion commune de l’énergie, c’est à dire ce qui fait la puissance des nations, en était – et en est toujours – un pilier indispensable, et c’est par un plaidoyer en ce sens que ce livre se termine, sans surprise.
Une lecture à conseiller sans hésiter !