NIFENECKER Hervé, L’énergie nucléaire a-t-elle un avenir ?, éditions Le Pommier, 2003
(62 pages, 4€)
Hervé NIFENECKER est conseiller scientifique de l’IN2P3, l’Institut National de Physique Nucleaire et de Physique des Particules (laboratoire du CNRS ), et responsable de l’activité « Energie » de la Société Française de Physique.
Commentaire
Peut-on répondre à une telle question en 60 pages d’un format « mini-poche », qui constitue le standard de la collection des « Petites Pommes du Savoir » ? C’est le pari – audacieux – fait par l’auteur, qui de ce fait a négocié comme il a pu avec cette maxime bien connue des vulgarisateurs : une explication simple est fausse, et si elle ne l’est pas elle est incompréhensible.
Il n’est pas beaucoup question de nucléaire dans toute la première partie de l’ouvrage, qui est en fait surtout consacrée aux contraintes du système énergétique : le changement climatique, l’épuisement des énergies fossiles commodes d’emploi et peu chères à l’extraction, les limitations des énergies renouvelables, et le désir de ceux qui ne connaissent pas l’abondance d’y accéder. Sans grande surprise, la conclusion est que le nucléaire est incontournable si nous entendons à la fois conserver un mode de vie pas très éloigné de l’actuel, et permettre à ceux qui ne l’ont pas encore d’y accéder, sans faire sauter la marmite.
Ce n’est que dans la deuxième partie que l’auteur rentre vraiment dans le vif du sujet, c’est-à-dire qu’il commence vraiment à évoquer le nucléaire. Quelques pages rapides pour rappeler ce qu’est cette énergie, puis l’auteur va directement vers la question qu’il estime centrale : l’avenir du nucléaire, qui pour lui ne fait aucun doute compte tenu de ce qui a été exposé avant, passe obligatoirement par le développement de ce que l’on appelle la surgénération. C’est en effet la seule filière technique à même d’assurer quelques millénaires de fonctionnement pour un nucléaire civil plus largement employé qu’aujourd’hui. Suivent enfin des éléments de réponse à quelques questions (déchets, sûreté), trop sommaires pour le curieux, mais qui visent à donner l’essentiel au lecteur pressé, et ne cherchant pas le long débat contradictoire. En effet, le format retenu (60 pages format « micro ») ne permet pas la prolepse !
Cela étant, pour qui n’est pas opposé par principe au recours à l’énergie nucléaire, ce livre a le mérite d’expliquer simplement et rapidement à la fois les limitations en termes de ressources du nucléaire actuel – son principal inconvénient, méconnu du grand public, mais bien connu des spécialistes – et les « voies de recours » qui permettraient de contourner cet obstacle, et qui sont précisément au coeur des études sur le nucléaire de 4è génération.
Ce n’est pas à proprement parler une introduction au principe de cette énergie, mais plutôt un plaidoyer, rapide à lire et bien argumenté.