JANCOVICI Jean-Marc, Dormez tranquilles jusqu’en 2100, éditions Odile Jacob, 2015
(208 pages, 19.9€)
Commentaire
A l’évidence, le Front National n’a rien à voir avec l’énergie. Le Printemps Arabe rien à voir avec le changement climatique, la faillite de Lehman Brothers rien à voir avec le pétrole, la tertiarisation de l’économie signifie qu’elle se dématérialise, et si le PIB ne repart pas à la hausse c’est uniquement la faute à la fiscalité, aux chômeurs fainéants, aux patrons qui délocalisent, aux politiques incapables et aux français qui ne sont pas com-pé-ti-tifs.
Mais… il est possible que les choses soient un poil moins évidentes que cela. Et il est même possible qu’en lisant ce livre vous soyez d’accord avec moi ! Et, comme vous vous en doutez, la meilleure manière que vous puissiez choisir de lire ce livre, c’est de l’acheter, du moins c’est bien comme cela que l’entend ce cher éditeur chez qui paraît cet ouvrage (à sa décharge, il faut bien vivre… et ça c’est du bon PIB, évidemment).
Comme à chaque nouveau bouquin il y a un peu moins d’argent dans les caisses, j’imagine que, encore plus que pour les précédents ouvrages, il faut donner envie de se précipiter dessus ! Pour vous y inciter autant que je puisse le faire dans la limite de mes modestes moyens, je vous propose, comme d’habitude, l’introduction et quelques critiques de la presse.
Introduction
Qui d’entre nous n’a jamais entendu, durant sa scolarité, cette maxime énervante, généralement professée d’un ton sentencieux lorsqu’on n’a rien compris à la question : « Un problème bien posé est déjà à moitié résolu » ? La vie se chargera pourtant de nous rappeler à tous, un jour, que la meilleure manière de ne pas résoudre un problème est de se tromper sur la façon dont il se présente. Combien de patients des médecins des temps anciens sont passés un peu plus vite de vie à trépas grâce aux diètes et aux saignées, dont on pensait à l’époque, probablement en toute bonne foi, qu’elles étaient les meilleurs remèdes possible ?
Plus le domaine est technique, et plus les malentendus sont fréquents. Plus l’évolution du reste de la société en dépend, et plus les conséquences de ces malentendus sont potentiellement graves. Avec l’énergie, nous avons tiré le gros lot : toute la société moderne en dépend, et il y a mille occasions de se perdre dans cette forêt peuplée de kilowattheures et de tonnes équivalent pétrole.
Dans les débats sur la meilleure manière de bâtir un système énergétique durable, nous devrions donc être particulièrement attentifs à éviter les chausse-trapes, tant les conséquences sont susceptibles de transformer nos rêves de paradis en enfer. Et pourtant, nous n’en faisons rien, et continuons à disserter sur l’avenir à partir d’un problème posé de travers. La probabilité que nous trouvions la « bonne » voie pour nous diriger vers un avenir sympathique n’est alors pas beaucoup plus élevée que celle d’avoir un triple 6 lors d’un lancer de dés, ou, dans une version plus désagréable, de survivre à trois tirs de roulette russe avec 5 balles sur 6 dans le barillet.
Et ce n’est pas un hasard si ce livre évoque les troubles au sud de la Méditerranée et les réfugiés qui ont commencé à toquer à notre porte, la montée des extrêmes droites en Europe, le chômage croissant, la faillite de Lehman Brothers, et d’autres désordres qui, pour le grand public, ne semblent en rien reliés à des kilowattheures, ou plutôt à leur manque. Une fois tournée la dernière page de ce livre, j’espère que mon lecteur partagera avec moi la conviction que c’est bien ce genre de troubles, et pire, qui sont à redouter si nous ne faisons pas l’effort de remettre à l’endroit la question énergie-climat.
Quelques critiques de la presse
A venir…