GRANDJEAN Alain, JANCOVICI Jean-Marc, C’est Maintenant ! 3 ans pour sauver le monde, éditions Seuil, 2009
(286 pages, 19.8€)
Commentaire
C’est maintenant ! Vous croyez que ce titre est un résumé du contenu du livre ? Pas du tout : sachant qu’au moment où sort ce bouquin (janvier 2009), le portefeuille des lecteurs putatifs a déjà été sauvagement agressé par la crise et les cadeaux de Noël, cette expression est juste là pour rappeler qu’il ne faut pas attendre une seule seconde avant de sortir 7,5 euros, désormais le livre est désormais disponible en poche), d’un porte-monnaie déjà fort fort troué…
Mais il faut le faire, et joyeusement encore, car ces 300 pages représentent sans aucune hésitation la meilleure affaire des soldes : 20 euros pour tout comprendre sur la manière d’éviter la 4è guerre mondiale et de faire baisser le taux de chômage, avouez qu’en rapport qualité prix c’est imbattable.
Evidemment, si vous faites le calcul, cette petite chose imprimée vous reviendra plus cher au kilo que le foie gras, mais à la différence du foie gras notre oeuvre est re-cy-cla-ble : vous pouvez la relire une deuxième fois (et même une troisième), la prêter à votre voisin(e) du dessus (puis essuyer ses larmes une fois qu’il/elle l’aura lu, encore plus fort que Meetic pour engager la conversation), vous en servir pour caler des étagères, ou, si vraiment vous ne voyez rien d’autre, utiliser ce papier de qualité supérieure pour compléter la fameuse tirade de Rabelais sur les innombrables manières de s’essuyer le postérieur (mais honnêtement on ne vous recommande pas, il y a mieux).
Préface pour l’édition de poche
En mars 2009 paraissait, en grand format, l’excellent ouvrage que vous vous apprêtez à lire, dont le titre impératif était assorti du sous-titre « trois ans pour sauver le monde ». D’aucuns esprits chagrins – mais sachant compter – feront opportunément remarquer que, s’il n’y avait que trois ans début 2009, début 2010 il n’en reste plus que deux. Une question en amenant une autre, il est légitime de se demander si, aujourd’hui, ce livre aurait été écrit de la même manière, avec la même exhortation à l’urgence, et s’il ne nous reste vraiment que « deux ans pour sauver le monde ».
Depuis que nous avons écrit ce qui suit, il s’est évidemment passé quelques menus événements sur la seule planète habitable du système solaire. Une crise financière massive a suivi la crise économique qui a démarré début 2008, renforçant la crise économique initiale ; la France compte 600.000 chômeurs de plus, qui illustrent tragiquement l’enchaînement décrit dans Le Plein s’il vous plaît (des mêmes auteurs) et le présent ouvrage ; les Etats-Unis et la Grande Bretagne, battant en brèche vingt ans de discours néolibéral, ont nationalisé explicitement ou de fait banques et crédit immobilier ; General Motors, habitué depuis trop longtemps à vendre des voitures trop gourmandes à des consommateurs qui payaient l’énergie trop peu cher, a fait faillite ; la taxe carbone est apparue dans la loi de finances, puis la charte de l’environnement dans une décision du Conseil constitutionnel ; pour la première fois dans l’histoire des hommes, 120 chefs d’état se sont rendus à un sommet où il était question de limiter délibérément les émissions de gaz à effet de serre (Copenhague), et en sont ressortis avec la conclusion que la taxe Tobin était peut-être une bonne idée ; deux ans après avoir plaidé : « hors la croissance, point de salut », le président français commandite à la commission Stiglitz un rapport sur le moyen de se débarrasser du PIB comme indicateur représentatif de notre bien-être ; notre pays met en place une « commission grand emprunt » qui, bien qu’imparfaite, fait revivre un peu l’esprit de planification qui a précédé et accompagné tous les grands programmes français des années 60 et 70 ; des « transfuges » de l’Agence Internationale de l’Energie disent publiquement que la croissance de la production de pétrole précédemment annoncée est un leurre. En résumé, des positions ou options qui pouvaient paraître excessivement audacieuses, voire hérétiques, il y a un an seulement (nationaliser une banque aux USA ? Mais vous n’y pensez pas…) sont devenues sinon acceptables, du moins sujettes à débat.
Dans le même temps, la titrisation du crédit qui était à l’origine de la précédente crise économique est toujours pratiquée, aggravant par construction la prochaine crise qui sera provoquée par l’explosion des prix de l’énergie, vraisemblablement d’ici deux à trois ans tout au plus. Parallèlement, il ne se passe pas un mois sans qu’une information scientifique nouvelle et inquiétante ne soit publiée sur l’évolution du climat, sans pour autant que le degré de connaissances sur le sujet de l’essentiel de nos responsables politiques n’ait augmenté à la mesure de l’urgence, ni que le nombre d’éditeurs et de journalistes continuant à donner la parole à des imposteurs laissant croire que nous n’avons pas de problème grave avec la contrainte énergie-climat ait notablement baissé.
Malgré ce panorama mitigé, il s’est passé une chose importante : ce livre a été lu. Cela nous a valu des retours, souvent constructifs et parfois très critiques, sur plusieurs points déterminants de notre propos. Tout cela aurait pu (dû ?) nous inciter à reprendre cet ouvrage : avec le recul du temps, une nuance ici, une précision là, voire un changement d’avis sur un point non central encore ici, auraient été envisageables. Pourtant, nous n’en avons rien fait, préférant garder à l’ouvrage sa fraîcheur première, et l’esprit d’urgence qui en avait guidé l’écriture et reste pleinement d’actualité. Car si nous parlons davantage de ces problèmes, nous n’avons que très marginalement commencé à nous y attaquer. L’action que nous souhaitons dans ce livre devrait idéalement aller à la même vitesse que la reconversion de l’industrie américaine en 1942 : n’importe qui constatera que ce n’est pas ce qui se passe. Au sein du public des « convaincus », la conviction n’a pas décru, mais ce public, qui accepte l’idée qu’il faut faire des efforts considérables dès aujourd’hui, reste toujours marginal devant la masse de ceux qui pensent que ces affaires d’énergie ne méritent pas plus que la place que nous leur donnons aujourd’hui.
Pour en revenir à la question de l’échéance qui était parfaitement explicite dans le sous-titre (« 3 ans pour sauver le monde »), nous sommes hélas toujours « dans les clous » : c’est bien d’ici à 2012 qu’il faut avoir mis la planète sur les rails de la transition massive. L’année qui s’est écoulée depuis la parution de ce livre ne rend pas cet espoir complètement vain, mais il faut se hâter de passer à la vitesse supérieure : l’horloge tourne.
Erratum
Comme Alain (Grandjean) et moi ne sommes ni politiques, ni économistes, ni analystes boursiers, il est évident que nous ne pouvons pas dire de bêtises ; nous espérons que vous n’en doutez pas une demi-seconde. Mais comme nous ne saurions fournir les mêmes garanties de sérieux pour l’éditeur, l’imprimeur, le fabriquant de notre ordinateur, notre opticien, et plus généralement tous ceux qui sont intervenus pour que nos pensées profondes parviennent jusqu’à vous, on a quand même prévu une petite page pour corriger les coquilles qui pourraient se trouver dans nos écrits, et qui sont bien évidemment dues à une cause parfaitement indépendante de notre (bonne) volonté.
- Page 8 : nous avons daté le traité de Paix qui a suivi la Première Guerre Mondiale du 11 novembre 1918 alors qu’il s’agissait bien sûr de l’Armistice. La Paix ne fût signée que le 28 juin 1919 (à Versailles, là nous n’avons pas fait d’erreur !).
- Page 225 : Au lieu de « [les prélèvements obligatoires] sont de toute façon considérablement moins indolores que la grosse panade qu’ils permettent d’éviter. », il faut bien sûr lire « [les prélèvements obligatoires] sont de toute façon considérablement moins douloureux que la grosse panade qu’ils permettent d’éviter. ».
- Page 226 : nous avons un peu vite mis la Norvège dans l’Union Européenne. Le taux de couverture de l’Union stricto sensu n’est que de 16%, mais le taux de couverture de l’ensemble « UE+Norvège » est bien d’environ 30%.
Quelques critiques de la presse
Au moment où sort ce bouquin (début 2009), il est évident qu’il faut avoir pitié des banquiers : les pauvres, qu’est-ce qu’ils ont pris, à la fois dans leurs comptes et dans la presse ! Un peu de charité chrétienne s’imposant, nous allons faire ce que nous pouvons pour assurer quelques modestes rentrées au banquier de notre éditeur, en reproduisant ci-dessous tout ce que la presse a bien pu dire sur notre prose (en bien ou en mal, il s’avère que les deux sont aussi bénéfiques pour les ventes, comprenne qui pourra…). Et la conclusion logique, c’est que si pas un journal ne parle de notre bouquin, c’est qu’en fait il y a un complot de la presse pour couler les banques !
Géo, août 2009
Un plaidoyer salutaire pour la fin de l’obsession du court terme.
L’Expansion, juillet 2009 (Bernard Poulet)
La survie de la planète est un sujet trop grave pour s’encombrer de querelles inutiles. Trois ouvrages permettent de se forger sereinement une opinion. La maladresse des polémiques déclenchées par Claude Allègre autour de l’origine plus ou moins humaine du réchauffement terrestre ne doit ni dissimuler l’importance du problème ni interdire la réflexion. Si l’arrogance tonitruante affichée par l’ancien ministre, parée des vertus supposées de sa science, remporte des succès au comptoir des bistrots, elle a du mal à convaincre. Mais le « mammouth » ne devrait pas cacher la forêt des problèmes. D’autant que les réactions de ses adversaires, par leur quasi-unanimité et par leur propension à ostraciser les dissidents, provoquent un désagréable sentiment de malaise. Ils sont trop nombreux à paraître mélanger connaissances objectives et croyances aveugles.
Télérama, 29 avril 2009
Comment affronter l’urgence écologique ? Trois ans après « Le Plein s’il Vous Plait« , le nouvel opus de ces deux polytechniciens propose une critique constructive du système capitaliste et regorge d’idées concrètes : « y’a plus qu’à » taxer l’énergie, nommer à tous les postes de l’Etat un conseiller ressources et énergie, remettre les villes à la campagne, hiérarchiser nos choix énergétiques (ici avec une nette préférence pour le nucléaire)… Et surtout, faire la peau au sacro-saint PIB – pari tenu dans un style accessible et enlevé.
Télé 7 Jours, 27 avril 2009
Mais franchement, quelle drôle d’idée de nous parler catastrophe climatique en pleine crise financière ! Justement, les deux phénomènes sont liés. Inutile d’avoir étudié l’économie pour lire ce texte limpide, palpitant, écrit d’une plume alerte. Les auteurs ne sont pas des énergumènes en tongs mais des pointures, ingénieurs polytechniciens spécialistes de l’environnement. Ils réussissent un exploit : expliquer, avec beaucoup d’humour et de pédagogie, pourquoi nous devons tous comprendre ces enjeux, comment agir, et vite !
La Voix du Nord, 14 avril 2009
Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean. Le premier passe souvent à la télévision pour l’alerte et l’urgence écologiques. Le second est économiste. Ensemble, ils livrent un petit ouvrage bien fait sur la catastrophe planétaire annoncée par le réchauffement climatique, dans un style accessible au plus grand nombre et avec, parfois, une distance dans le ton qui rappelle que l’on peut même évoquer la fin d’un monde dans l’optimisme. « La lutte contre le changement climatique relève d’une économie de guerre », relèvent-ils. Avec trois ans, cinq à la rigueur, pour sauver le monde. Y’a plus qu’à.
Le Figaro Magazine, 4 avril 2009
D’une plume narquoise et aiguisée, Jean-Marc Jancovici, l’inventeur du bilan carbone, s’adresse aux élus et aux industriels, mais aussi à tous les écolo-sceptiques : C’est maintenant ! (Seuil) est une exhortation impérieuse à se ressaisir et à prendre des mesures.
Enjeux les Echos, mars 2009 (Claude Vincent)
Jean-Marc Jancovici et son compère Alain Grandjean, deux X pas tout à fait aux normes – il en existe – n’ont pas de chance. Aujourd’hui, le pétrole ne vaut – presque – plus rien. Ils n’en ont pas pour autant tort, eux qui sans relâche alertent politiques, décideurs, médias et lecteurs depuis quelques années : plus que la fin du pétrole ou le réchauffement climatique, c’est la fin du pétrole bon marché, très proche, qui risque de mettre cul par-dessus tête tous les grands équilibres. L’heure des choix arrive. Ils nous proposent les leurs.
Bulletin des Elus Locaux , mars 2009 (Christian Gambotti)
Dans cet essai, coécrit avec l’économiste Alain Grandjean, Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialiste du climat et de l’énergie, se montre très alarmiste quant aux risques que fait courir le réchauffement climatique à la planète. Pour les auteurs, l’heure des choix est arrivée. Parfaitement écrit, l’ouvrage vise à provoquer un électrochoc chez le lecteur. Il est urgent d’écouter ce que dit Jean-Marc Jancovici, qui vient aussi de publier, pour les plus jeunes, Le changement climatique expliqué à ma fille.
La Recherche, mars 2009 (anonyme)
Un plaidoyer pour un réveil des décideurs et de la population face à l’utilisation de l’énergie. Plusieurs solutions sont proposées, la première étant d’intégrer la consommation d’énergie au PIB afin de rendre cet indicateur réaliste.
Les Echos, 4 mars 2009 (anonyme)
Le thème. Deux polytechniciens, l’un économiste, l’autre consultant, veulent nous convaincre qu’il est urgent d’agir pour sauver la planète. Brocardant politiques, journalistes et « climato-sceptiques », ils démontent dix raisons de ne rien faire, expliquent le désastre de l’île de Pâques par les méfaits d’un duo d’énarques, reformulent un projet européen. Et, surtout, avancent des idées simples. Ce n’est pas la seule planète qui est en jeu, mais aussi le bien-être et la démocratie. Nous devons chausser d’autres lunettes pour regarder le monde. Il faudra taxer l’énergie. Et le nucléaire est une partie de la solution, une proposition qui leur vaut excommunication chez les écolos.
L’appréciation. Ce livre est si foisonnant qu’il en devient parfois confus. Mais les questions posées sont cruciales et les réponses données souvent convaincantes. Les auteurs mériteraient des contradicteurs à leur hauteur.
L’extrait. Pour mesurer la production, Jancovici et Grandjean veulent passer d’une logique de chiffre d’affaires à celle de « compte de résultat » : « Il suffit de déduire du PIB des valorisations, nécessairement conventionnelles, correspondant aux stocks non renouvelables consommés par l’activité ou aux dégradations futures résultant de notre activité présente. ». Les émissions de CO2 par la France amputent ainsi son PIB de 250 milliards d’euros.
Sciences et Avenir, mars 2009 (David Larousserie)
Vite, la maison brûle !
Face à la crise écologique et énergétique qui touche notre planète, il faut changer notre mode de vie et de pensée. Sous peine de subir des changements plus brutaux encore.
Les deux auteurs de cet ouvrage sont en colère. Ils n’en peuvent plus d’attendre les décisions politiques nécessaires pour préparer la planète, ou tout du moins la France, à l’avenir incertain que lui réservent l’arrivée d’un pétrole cher et le réchauffement climatique. Partis en croisade, comme indépendants tout d’abord puis comme conseillers de Nicolas Hulot, ils veulent aller vite.
Il y a deux ans, dans Le Plein s’il vous plaît, ils prônaient une taxe forte renchérissant volontairement le prix du pétrole afin de changer les comportements. Ils n’ont pas abandonné cette idée radicale mais en détaillent d’autres, tout aussi frappantes. Forcer les constructeurs automobiles à diviser par trois ou plus les émissions des voitures – quitte à accepter des voitures ne pesant que 500 kg -, rénover voire détruire les logements les plus gaspilleurs d’énergie, revenir à une planification industrielle, rembaucher dans l’agriculture, remettre des villes à la campagne (et en finir avec les banlieues), manger moins de viande rouge…
Selon les auteurs, la crise énergétique ou climatique à venir causera crise sociale ou guerre qui imposeront des changements radicaux à nos sociétés, plus brutaux peut-être que les mesures qu’ils préconisent. Alors autant anticiper et faire ces choix volontairement.
L’intérêt de ce livre n’est pas dans l’inventaire des mesures mais plutôt dans une critique forte de nos sociétés. Nous aurions perdu le sens des valeurs en nous focalisant sur l’argent, plutôt que sur la matière. En ces temps de crise financière, ce constat prend bien sûr une acuité particulière. Au passage, hommes politiques, citoyens et journalistes en prennent pour leur grade d’avoir abdiqué devant les sirènes de la finance. Pour éviter le pire, l’humanité doit donc changer sa manière de penser et se doter de nouveaux instruments économiques pour évaluer la richesse. Exit le fameux PIB car il mesure des «flux» alors que ce sont les stocks qui comptent. De même, il faudra accepter de moins voyager, moins consommer…, donc, sans le dire, accepter la décroissance.
Ces idées ne sont pas neuves. Curieusement, les auteurs escamotent qu’elles ont été défendues, récemment, par les courants altermondialistes, anticapitalistes ou décroissants. Ces antécédents n’ont droit qu’à quelques piques. Et le ton est résolument combatif, même si la démonstration s’alourdit d’une certaine arrogance («Il reste trois à cinq ans pour éviter le chaos») qui à la longue peut agacer.
Extrait
«[..] Nous ne croyons pas ce que nous savons. Notre connaissance intellectuelle ne nous émeut pas assez […] pour se traduire en actes […]. Il n’y a pas que le climat ou l’énergie qui offrent ce genre de constat. […] L’effort ne doit pas d’abord porter sur une augmentation de la connaissance disponible, mais sur la mise en mouvement des grands fainéants que nous savons tous être […]»
Carnets d’Aventure, février 2009 (Johanna Nobili)
Nous avions déjà fait l’éloge de leur précédent livre « Le Plein s’il vous plaît ! La solution au problème de l’énergie », il en va de même pour celui-ci !
L’ouvrage dresse un bref bilan de la situation délicate dans laquelle nous nous sommes fourrés, et explique concrètement ce qu’il faudrait faire pour la redresser. À partir de l’exemple de ce qui est arrivé à l’ancienne civilisation de l’île de Pâques (les auteurs aussi ont lu « Effondrement » de Jared Diamond, voir la chronique de l’Extraterrestre de CA n°13), les auteurs expliquent clairement les fondements de notre économie, du PIB, et de ce qui, dans tout ça, fait que l’on se trompe d’objectif, que l’on confond trop souvent les véritables ressources et les vecteurs d’échanges (la symbolique monétaire). (Même ceux qui pourraient se sentir peu concernés par le changement climatique (on l’est pourtant tous !) devraient lire au moins ce chapitre-là pour y voir un peu plus clair en macroéconomie). L’exemple des Pascuans est ensuite utilisé tout au long du livre pour faciliter la compréhension de nombreux mécanismes.
On apprécie l’approche claire, scientifique, précise mais abordable, pragmatique, franche et engagée, non pas vers un bord politique mais vers l’objectif majeur qui devrait rassembler bien plus de monde maintenant : la sauvegarde de la planète et de la paix. L’ouvrage se lit d’autant plus facilement que le ton est sympa et non dénué d’humour.
À lire absolument.
Sud Ouest, février 2009 (P.T.)
La surconsommation qui ne rime à rien. Le gaspillage des énergies qui ne mène nulle part. Le changement climatique, etc. Tout cela est connu. Mais pour la plupart d’entre nous, ces menaces restent souvent lointaines, voire incertaines.
Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean, tous deux anciens élèves de l’Ecole polytechnique, ne sont pas de cet avis. Il y a urgence. Ils nous donnent même un maximum de cinq ans pour réagir, et accessoirement pousser vers la sortie tous les cadres des grands partis qui ne comprennent rien au problème de l’environnement.
Après avoir fait le tour de ce qui nous conduit – selon eux – tout droit à l’apocalypse, ils consacrent un chapitre entier aux solutions qu’il faudrait mettre en oeuvre sans plus tarder. Le chapitre a été appelé « y’a plus qu’à ». Tout un programme…
Il n’est pas certain qu’il soit mis en oeuvre dans les cinq ans qui viennent, mais il est évident qu’il doit nous faire réfléchir. Vite.
Alternatives Economiques, février 2009 (Antoine de Ravignan)
Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean n’ont pas froid aux yeux. Polytechniciens tous les deux, l’un spécialiste de l’énergie et l’autre économiste, ils sont membres du comité stratégique de la fondation Nicolas-Hulot. Ils présentent ici « les solutions pour sauver le monde » de la catastrophe climatique annoncée. Pas les mesurettes mi-chèvre mi-chou du type Grenelle de l’environnement, mais celles que la gravité de la situation imposerait de mettre en oeuvre et qui tiennent de l’économie de guerre, avec ce que cela comporte de planification, de radicalité et d’ingéniosité. Une guerre qu’il faudrait mener dès à présent pour prévenir les guerres très réelles auxquelles se livreront les hommes pour survivre, quand se sera trop amenuisé ce qui demeure le pilier du système économique mondial : une énergie fossile consommée comme s’il s’agissait d’une ressource gratuite et illimitée.
Les auteurs font des constats, rappellent les bons ordres de grandeur et préconisent des mesures dont les lecteurs d’Alternatives Economiques sont familiers : taxe sur l’énergie, normes drastiques sur l’automobile, isolation des bâtiments, décroissance de la consommation dans bien des domaines… Leur originalité est surtout de proposer une hiérarchisation des priorités (vaut-il mieux faire aujourd’hui des centrales à charbon capturant le CO2 émis ou des éoliennes?) et, surtout, d’aller un peu plus loin dans le « y’a qu’à », en réfléchissant aux conditions politiques des mesures qu’ils préconisent. Enfin, ce livre est un appel à calculer la valeur de l’économie autrement que par le PIB. Pour prendre les bonnes décisions, il faut bien compter, et cela implique d’intégrer dans nos comptabilités la valeur de la branche sur laquelle nous sommes assis et que nous scions sans plus d’inquiétude.
La Croix, janvier 2009 (Marie Verdier)
Sauver le monde !
« C’est maintenant ! ». Les auteurs, tous deux économistes, auraient tout aussi bien pu intituler leur essai « Haro sur le PIB ». En effet, dans un ouvrage extrêmement accessible à tous ceux qui ne comprennent pas tout du CAC 40, Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean expliquent pourquoi l’économie fait aujourd’hui fondamentalement fausse route : son principal instrument de mesure, la production intérieure brute (PIB), est un indicateur totalement périmé.
On peut s’agacer parfois du ton qui prend le lecteur pour un copain, les journalistes et les politiques globalement pour des abrutis et on peut rester dubitatif sur l’expertise des auteurs concernant les partis. Mais que ces critiques, au demeurant modestes au regard de l’intérêt de l’ouvrage, ne découragent surtout pas le lecteur de suivre ce passionnant cours d’économie.
Le PIB, expliquent-ils, « ne mesure pas un patrimoine mais un flux ». Plus les flux augmentent, mieux l’économie se porte, croit-on. Or plus on se projette dans l’avenir, plus cette équation est erronée, voire tragique. Et cet avenir se rapproche dangereusement. Car la création de richesses aujourd’hui, au sens de création d’argent et non pas de richesse matérielle, se fait en utilisant les ressources naturelles jusqu’à l’épuisement. La croissance continue du PIB est donc matériellement impossible.
Si l’on continue à traiter le mal par le mal – augmenter le PIB qui accélère le déclin – c’est qu’il y a eu, au fil du temps, confusion entre PIB et ressources. Il faut donc tuer le PIB et renouer avec une gestion de bon père de famille qui se pose intelligemment la question de savoir comment vivre au mieux en exploitant son patrimoine sans le grignoter chaque jour. C’est ce qu’on appelle un optimum économique.
Evidemment, cette petite leçon d’économie, qui remet les pendules à l’heure, a pour seule vocation de créer un électrochoc. Car nous n’avons jamais été aussi loin de cet idéal. Il y a péril et urgence, crient les auteurs.
Les faits font pourtant l’objet d’avalanches de recherches et publications : changements climatiques, raréfaction du pétrole, épuisement des stocks de poisson, des ressources en eau, des terres arables, crise d’extinction des espèces… Le problème c’est que « nous ne croyons pas ce que nous savons », selon l’expression du philosophe des sciences Jean-Pierre Dupuy, que reprennent à leur compte les auteurs. Nous sommes comme avant le déclenchement d’une guerre, chaque jour plus probable mais toujours jugée impossible. Et l’indicateur PIB participe largement de cet aveuglement.
Or, face aux bouleversements annoncés qui vont affecter l’humanité, il faut précisément se mettre en posture d’affronter une guerre. Ce que, l’histoire l’a montré, les pays savent faire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les industriels américains n’ont-ils pas arrêté brutalement de produire des voitures pour construire 100.000 avions par an ? rappellent les auteurs, qui préconisent un programme de grands travaux écologiques et énergétiques. Et, en l’occurrence, ils ne manquent ni d’idées ni d’optimisme pour remettre l’économie mondiale en marche dans le bon sens. Le problème majeur, selon eux, ce n’est pas que l’on ne peut pas changer le cours de l’économie, c’est que l’on ne veut pas.
Bulletin des Industries Pétrolières, janvier 2009 (anonyme)
Un énième livre sur le sujet ? Deux ans après « Le plein s’il vous plaît ! » qui plus est ! En publiant « C’est maintenant ! 3 ans pour sauver le monde », qu’ils ont présenté mercredi dernier, Jean-Marc Jancovici et Alain Granjean n’ont-ils pas pris le risque de saturer un public déjà las du catastrophisme ambiant ? Non, et ceci pour au moins deux bonnes raisons : le style vif, les titres « chocs », voire l’humour du ton suffisent à donner envie de lire ; plus sérieusement, cette fois, les solutions évoquées par les auteurs, à défaut d’être prises en compte en l’état, peuvent aider à la réflexion. Enfin, comment ne pas rêver, comme eux, d’un nouveau Churchill, d’un nouveau De Gaulle ou d’un nouvel Adenauer, qui sache écouter et comprendre, et qui pourrait ainsi « gérer le plus formidable projet qu’il nous sera donné de vivre » ? Jean-Marc Jancovici peut séduire ou irriter, mais nul ne peut mettre en doute son souci de porter sur toutes les places et dans tous les milieux la conviction qu’il a acquise, pour sa part, depuis plusieurs années, de l’urgence à agir pour réduire les consommations d’énergie. Jusqu’à l’initiative, prise en 2006, d’organiser les Entretiens de Combloux afin de « briefer » les journalistes sur les questions énergétiques. Ceci en association avec les meilleurs experts du secteur, Yves Mathieu (IFP) pour les hydrocarbures, Bertrand Barré (Areva), pour le nucléaire, Hervé Le Treut (CNRS), pour le climat et Jean-Louis Bal (Ademe) pour les énergies renouvelables.
Offrir le livre aux députés
Autre exemple : les 400 interventions auxquelles il s’est livré depuis le début du siècle, auprès d’assemblées générales d’actionnaires, de cadres d’entreprises, d’étudiants, bien sûr. Un autre encore : il a offert « Le plein s’il vous plaît ! » à tous les députés. Il envisage de faire de même avec son nouveau livre.
« Pétrole : pic et pic et… »
Diplômé de Polytechnique (1984), il a d’autre part l’énorme avantage de n’être « ayatollah » d’aucune cause énergétique. Il a compris, avant beaucoup d’autres, qu’il n’y a pas de solution énergétique miracle et que c’est surtout aux citoyens de changer de comportements. Lui le premier, qui ne prend jamais l’avion… Enfin, last but least, et comme il le reconnaît lui-même, c’est là où « cela chatouille », il ne s’affiche ni de gauche ni de droite. Pour l’expert énergie-climat qu’il est, les hydrocarbures ne sont pas rebutants, ils sont juste en voie d’épuisement. Tant mieux si l’on découvre de nouveaux gisements comme ceux au large du Brésil. Cela n’empêchera pas le pic de production que Jean-Marc Jancovici voit toujours à l’horizon de cinq ans : « les découvertes correspondent à un pétrole qui finira par sortir un jour, non à une garantie de débit mondial croissant pour l’avenir ».
« Pas plus écolo qu’un PDG de compagnie pétrolière ? »
De même, les pétroliers que l’on présente comme des « pollueurs et capitalistes cyniques se moquant bien de l’avenir de la planète, comme chacun sait », sont peut-être plus clairvoyants que d’autres. Le patron de Total, Christophe de Margerie, a multiplié les déclarations, l’an dernier, sur un plafonnement de la production mondiale sous les 95 millions de barils/jour d’ici à 2015. Le même, ainsi que les patrons de Suez (à l’époque) et de BP « ont publiquement affirmé que l’Etat prendrait correctement ses responsabilités s’il décidait de modérer la consommation des hydrocarbures en augmentant les prix par le biais de la fiscalité ». Dans le même temps, les responsables gouvernementaux, de Jean-Louis Borloo à François Fillon, ont déclaré à plusieurs reprises, pendant le Grenelle de l’environnement, que la France n’était « pas prête à augmenter les taxes sur l’énergie ». Le monde est plein de surprises, commentent les auteurs… Provocateur, certes, Jean-Marc Jancovici, quand il poursuit : « aujourd’hui encore, nous voyons ici et là des sites industriels qui baissent très fortement leur consommation d’énergie, alors que chez nous, à part l’extinction de la lumière dans les pièces où il n’y a personne et la fermeture du robinet quand nous nous lavons les dents, nous ne voulons pas entendre parler du moindre effort ou du moindre euro à dépenser pour consommer moins. Nous attendons que l’Etat nous fasse un chèque pour cela. Nous pouvons attendre longtemps ».
Et le Grenelle dans tout ça ?
Les responsables gouvernementaux pourraient rétorquer, face à cette nouvelle alerte lancée par les auteurs, que le Grenelle de l’Environnement est passé par là, depuis leur précédent livre et que désormais le développement durable est au coeur de l’action de l’Etat. Mais pour Jean-Marc Jancovici, ce Grenelle n’est que « la première des 300 marches à gravir ! ». Pour Alain Granjean, c’est « une mise en bouche. Les Grenelle I et II devront être suivis d’un III et d’un IV ». Ne serait-ce que parce toutes les considérations sur l’évolution des ressources pétrolières et gazières n’ont tout simplement pas été prises en compte dans le Grenelle. Un oubli assurément de taille !
Casser les villes ?
Mais ce qui a changé dans le discours des deux spécialistes de l’énergie, c’est qu’ils avancent désormais plusieurs pistes de sortie alors qu’il y a deux ans, la seule solution évoquée était une hausse progressive et continue de la taxe sur les énergies fossiles. Outre une proposition « simple et simpliste » qui consisterait à interdire d’ici 15 ans dans l’Union européenne toute centrale à charbon non équipée d’un système de captage et stockage du CO2, Jean-Marc Jancovici, dans son débit « cataracte », lance plusieurs idées : remplacer, dans les diverses institutions, les conseillers économiques par des « conseillers en affaires physiques » ; réformer le PIB ; instaurer la contribution énergie-climat, y compris jusqu’à l’électricité sans carbone « parce que toutes les économies sont bonnes à prendre » ; créer une « Agence de la décarbonisation européenne » ; enfin, tout simplement, « casser les villes »… Pour abruptes qu’elles soient dans leur formulation, ces propositions sont justifiées par les auteurs. Créer des conseillers en affaires physiques ? « En pratique, cela signifie que les gouvernements, la Commission européenne, l’OMC, le FMI et tutti quanti s’interdisent de faire des plans pour l’avenir sans vérifier qu’ils sont compatibles avec un approvisionnement en hydrocarbures qui baisse, ou des émissions de gaz à effet de serre qui suivent délibérément la même trajectoire ». Le rôle de ces « conseillers techniques ressources et énergies » serait de vérifier que les projets de loi ne sont pas complètement irréalistes au regard des limites physiques connues à ce jour.
« Les villes à la campagne tu remettras (pour partie) »
Quant à « casser les villes », les auteurs estiment que l’aménagement du territoire s’est fait, « durant un siècle, à l’opposé de ce qu’il faut faire pour avoir un pays sobre en énergétique, et c’était logique puisque l’énergie coûtait de moins en moins cher ». Et tout cela ne résistera pas à « une énergie de plus en plus chère. Des logements vont se retrouver en dehors des bassins d’emploi. Des commerces vont voir leur zone de chalandise se contracter » … Bref, il faut tout casser et tout reconstruire, pas de la même manière et pas pour faire la même chose. « Qu’y a-t-il de mieux pour créer des emplois ? ». Certes, face à l’ampleur du programme proposé, le lecteur pourra se demander si les auteurs ne sont pas atteints de « folie prétentieuse » ! Peu leur importe : « notre plus cher espoir est d’être ridicules » et que « la catastrophe redoutée n’arrive pas, parce qu’elle a été évitée à temps ».
Nicolas Hulot comme sauveur ? Descendre dans l’arène politique lui ferait perdre beaucoup
Question ultime : qui pourrait mener cette guerre « contre nous-mêmes, avec une victoire qui doit être totale et rapide sans tuer l’ennemi » ? « L’ami Hulot » (présent dans la salle mercredi dernier, avec sa discrétion coutumière) qui a refusé le poste occupé par Jean-Louis Borloo ? Non, le seul poste à la mesure du changement espéré n’est pas celui du ministre du Développement durable. C’est celui de président de la République, complété par le poste de président de la Commission européenne. Peu importe, à vrai dire, son identité. Il faut juste que la population ait envie de le suivre. Et qu’il sache bien qu’il lui reste trois à cinq ans pour éviter le chaos….
Agence France Presse, 23 janvier 2009 (non signé)
« C’est maintenant! 3 ans pour sauver le monde » – Il est encore temps d’agir pour éviter le chaos avec la fin annoncée du pétrole et le dérèglement climatique en cours, mais il faut faire vite. Dans ce livre, Jean-Marc Jancovici, consultant, et Alain Grandjean, économiste, se livrent à un plaidoyer percutant pour que nous prenions enfin le problème énergie/climat à bras-le-corps et nous invitent à réinventer l’avenir.