Propos recueillis par Marie-Laure Zonszain
Femme Actuelle – Vous dressez un constat alarmiste et pariez sur une nouvelle récession dès 2012. La faute au carbone ?
Jean-Marc Jancovici. – Depuis 1974, chaque choc pétrolier – qui marque une tension sur la disponibilité de l’énergie – est suivi d’un ralentissement économique mondial, et d’une récession dans un certain nombre de pays industrialisés. Le choc pétrolier actuel signifie donc une récession pour bientôt.
Femme Actuelle – Comment peut-on se libérer de la contrainte énergie ?
Jean-Marc Jancovici. – On ne peut pas : il n’y a ni vie ni système économique sans énergie. Mais nous devons baisser notre consommation et passer à des sources non carbonées (renouvelables, nucléaire).
Femme Actuelle – Votre souhait d’un monde sans carbone est-il réalisable, et à quelle échéance ?
Jean-Marc Jancovici. – Ce monde arrivera de toute façon ! Pétrole, gaz et charbon ayant été formés une fois pour toutes au cours des ères géologiques, notre consommation va passer par un maximum puis inexorablement diminuer. Le maximum mondial est maintenant pour le pétrole et arrivera sous peu pour le gaz.
Femme Actuelle – Les mesures que vous préconisez sont radicales. La période de la présidentielle est-elle un frein ou au contraire une chance pour qui aura le courage de les proposer ?
Jean-Marc Jancovici. – C’est le bon moment pour parler d’avenir. Et le choix est simple : ou bien nous démarrerons un plan de « décarbonisation » aussi massif que la conversion à l’économie de guerre des USA en 1942, et ça sera source de projets – changer la taille des villes et renforcer leurs ceintures maraîchères, rénover les bâtiments encore utiles, faire des voitures à 1 litre aux 100 et investir massivement dans le fret ferroviaire régional, lancer un plan solaire massif au Maghreb et du nucléaire de génération 4 en France… – qui peuvent être follement excitants, ou bien nous risquons le chômage de masse et le totalitarisme, ce qui le sera moins.