En juillet 2018, heureux homme, je suis parti en vacances. Ce furent des vraies vacances : je n’ai pas approché un ordinateur pendant 4 semaines, et entre autres conséquences je n’ai donc pas été consulter une seule fois mon compte LinkedIn.
Lors de ma première reconnexion à ce service au retour de vacances, je découvre que j’ai reçu… un peu plus de 1800 invitations pendant que j’étais parti oublier les malheurs climatiques du monde. 1800 en un mois ! Certes, le but du jeu en m’inscrivant sur LinkedIn était de multiplier les contacts en diffusant des informations liées à mon domaine professionnel, mais je ne pensais pas que l’opération serait aussi réussie en mon absence, à savoir en l’absence de toute nouvelle publication !
Quoi qu’il en soit, une fois que ces invitations me sont parvenues, il faut bien les traiter, c’est la moindre des choses. Me vient alors une envie qui, au vu de la suite, n’a pas du venir à l’esprit des concepteurs de cette plate-forme : celle de consulter 1800 profils, et si possible de le faire avant décembre.
De fait, pour chaque demande de contact, avant de dire oui ou non, je souhaite – quelle idée ! – voir à qui j’ai affaire. Pour cela, il faut généralement ouvrir le profil, car la fonction et l’organisme d’appartenance ne sont pas toujours visibles dans la liste des invitations reçues. Dans cette liste, il y a souvent juste une « autodescription » de l’individu faite avec une phrase mélangeant ses qualités, ses ambitions, et vaguement son domaine d’activité, mais ni poste ni société précisément décrits.
Me voici donc parti à ouvrir un par un les profils de cette liste de 1800 personnes, pour éviter de me connecter :
- à un concurrent (qui peut alors avoir tous mes clients en relations de 2è niveau, et si j’aime beaucoup mes concurrents ca ne va pas jusqu’au point où j’ai envie de leur faciliter la vie),
- à quelqu’un qui travaille dans un secteur qui me défrise (j’ai quelques états d’âme !), comme le tabac, l’évasion fiscale (pardon, « l’optimisation fiscale » !), un parti politique qui me hérisse un peu trop le poil, etc
- à un étudiant (les miens ou d’autres), car il me semble que l’on devient un professionnel une fois les études terminées,
- à un vendeur de placements immobiliers, d’élixir de jouvence, une escort girl (il y en a, et plus d’une !), et encore quelques autres catégories pour lesquelles je n’ai aucun espoir de les intéresser à mon sujet, et raisonnablement peu envie de leur acheter quelque chose.
Et au bout de quelques centaines de consultations de profils faites dans la journée, nombre que je n’ai évidemment pas noté de manière précise, je vois soudain arriver sur mon écran d’ordinateur, sans préavis, un message qui dit :
Vous consultez un très grand nombre de pages sur LinkedIn. Nous pensons que vous utilisez un outil d’automatisation. Pour empêcher les abus, nous n’autorisons pas l’utilisation de logiciels qui automatisent les activités sur LinkedIn.
Nous avons donc maintenant restreint votre compte jusqu’à 09:00 AM PDT. Veuillez essayer de vous identifier à nouveau après cette date. Veuillez noter que si vous poursuivez cette activité, votre compte peut être restreint de façon permanente.
LinkedIn a donc décidé, « comme ca », que je n’étais pas du tout un être humain en train de gérer – le plus vite possible pour ensuite passer à autre chose -un stock accumulé pendant son absence, mais un robot en train de consulter automatiquement un grand nombre de pages, et qu’il était urgent de m’empêcher de nuire. Quelle clairvoyance ! Du reste LinkedIn est nécessairement très clairvoyant, puisque LinkedIn « pense », avec un nous de majesté s’il vous plait :-).
Très accessoirement, le message exprime l’heure à laquelle je retrouverai l’usage de mon compte en « PDT ». PDT, pour moi, ca veut dire « pomme de terre », mais ici pas du tout : c’est Pacific Daylight Time. Notre pays bénéficie de tellement peu de considération pour LinkedIn qu’un message rédigé en français, envoyé à un utilisateur situé en France, ne fait même pas référence au fuseau horaire de notre pays, mais à celui de la Californie ! Parlez moi d’impérialisme…
Me voici donc avec LinkedIn qui me prend pour un robot parce que j’ai beaucoup de demandes de connexion sur LinkedIn, qui sert à créer des connexions sur LinkedIn. Drôle de sens logique, mais passons. N’écoutant que mon inconscience, j’envoie alors un message via l’interface d’assistance, en expliquant que je suis l’objet d’une erreur, puisque je suis pris pour un robot alors que je ne pense pas en être un (à moins que mes parents m’aient caché ca ?). J’avoue que la formulation employée est un peu moins aimable que ce qui figure ci-dessus, mais je suis sur que les services d’assistance ont l’habitude.
J’explique que j’ai reçu 1800 invitations, que je souhaite consulter les profils pour y répondre, que j’ai du mal à comprendre comment je vais consulter 1800 profils sans que cela ne fasse « un grand nombre ». Et je leur demande évidemment de bien vouloir rétablir mon compte. Et là dessus, je vous le donne en mille, la réponse est… qu’ils suspendent définitivement mon compte ! Réponse :
Merci de nous avoir contactés.
Nos investigation montre que votre compte n’a pas respecté les Conditions d’utilisation et les Politiques de la communauté professionnelle de LinkedIn. En raison du nombre de violations et/ou de leur gravité, ce compte a été restreint de façon permanente.
Cordialement,
Sacha
Spécialiste des opérations de sécurité chez LinkedIn
Je passe sur les deux superbes fôtes d’aurtaugraf (nos investigations sans s, montrent sans -ent), mais je reste baba devant le côté gentiment kafkaïen de la situation, et le fait que personne ne m’a posé la moindre question ni contacté avant de décider que je devais être définitivement éjecté de l’univers linkedinien. Je leur réponds alors (j’avoue avoir un peu perdu patience) :
C’est une blague ? Je ne fais que consulter les profils des demandes de connexion qui me sont adressées (je ne suis pas responsable si j’en ai reçu plus de 1000 pendant mes vacances) et je viole les conditions d’utilisation de Linkedin ? Vous pouvez me donner les coordonnées téléphoniques de votre responsable ?
Dans l’intervalle, je finis par découvrir (tout seul, en tâtonnant) que je peux aussi faire une demande de rétablissement d’un compte « définitivement » suspendu en envoyant une photocopie de pièce d’identité pour prouver que je ne suis pas un robot. Ce que je fais en parallèle, et miracle, mon compte est rétabli (mais étonnamment cette mesure n’est pas possible pour une suspension provisoire, même de plusieurs jours, qui est elle sans recours autre que de tenter de rouspéter auprès de gens qui se contenteront de vous répondre que vous avez fauté).
Mais je reçois par ailleurs une réponse à ma demande de contact avec « un responsable » qui est ainsi rédigée :
Je m’appelle Alisa et je suis spécialiste principale des opérations de sécurité. J’ai examiné votre cas et vous assistera aujourd’hui.
Nous avons remarqué qu’un nombre excessif de profils ou de pages de membres étaient être vu via votre compte. Pour protéger les informations de nos membres, le Les conditions d’utilisation de LinkedIn et les règles de la communauté professionnelle interdisent consulter systématiquement un grand nombre de pages LinkedIn.
Si vous ne savez pas pourquoi cela s’est produit, vérifiez si votre ordinateur ou votre téléphone a tout logiciel qui recueille des informations de plusieurs réseaux sociaux ou réseaux sites Web à afficher dans une seule application. La suppression de l’application résout généralement ce problème et empêche les perturbations futures dans l’accès à votre compte. Aussi, supprimer ou désactiver tous les plug-ins et extensions du navigateur, car ils pourraient demandes à LinkedIn à votre insu.
Après vérification, la restriction a été supprimée de votre compte. Si vous avez d’autres questions s’il vous plaît laissez-moi connaître.
Alleluiah ! Je ne suis plus un robot, je suis « Jean-Marc ». Je reprends espoir. Au vu de la sytntaxe approximative du contenu, je déduis de ce ce message que Alisa n’est pas française, ou alors c’était il y a longtemps comme chantait Brel, et je prends l’initiative de poursuivre l’échange en anglais pour éviter le plus possible d’être mal compris.
Je comprends également qu’il y a une limite au nombre maximum de profils que l’on peut consulter dans une journée, et que si on dépasse cette limite on se fait bloquer par application très américaine du principe de précaution : « il est possible que vous soyez un robot, donc on vous traite comme un robot avant d’être surs que vous soyez un robot ». Finalement LinkedIn est raccord avec la Constitution française !
Il est aussi piquant de noter que LinkedIn considère « protéger ses membres » en empêchant autrui de consulter trop de profils, alors que cette application est justement faite pour que le plus de monde possible s’intéresse à vous.
Emporté alors par une pulsion totalement stupide de comportement analytique, je demande à ma nouvelle interlocutrice :
- si il est possible de fixer transitoirement la limite du nombre maximum de profils consultables dans la journée au nombre d’invitations qu’il me reste à traiter (au moment où je lui écris il en reste plus de 700). Réponse : non.
- Si il est possible d’exclure du nombre maximum de profils consultables dans la journée ceux qui correspondent aux invitations en instance. Réponse : non. Pourtant, je sais que sur le plan informatique il n’y aurait rien de plus simple. A ce moment je me dis in petto que l’ingénieur qui a conçu cette portion du logiciel est un espion infiltré du parti des solitaires forcenés, puisque cette plate-forme est conçue pour ne pas permettre aux gens qui reçoivent beaucoup de demandes de les traiter dans un délai raisonnable.
- Si, à défaut, je peux au moins connaître le nombre maximum de profils que je peux consulter dans la journée, histoire de m’y limiter et d’éviter d’être à nouveau suspendu. Réponse : non, c’est confidentiel !
Je demande alors à mon interlocutrice comment je peux faire pour traiter rapidement le stock de réponses dans ce contexte. Et son conseil, je vous le donne en mille, est pour commencer de regarder chaque jour moins de profils qu’une limite qu’on ne veut pas me donner, ou de… refuser les invitations sans regarder les profils ! (réponse ci-dessous). Kafka continue…
Hi Jean-Marc,
We’re not able to publicly share the threshold amount of profiles that can be viewed in one day. Additionally we cannot make an exception for any of our members and set this higher for them.
It may be more practical to only view a smaller amount than you were previously. This will give you more time to review the profiles fully. Additionally, if you simply do not know the person at all, please know you can always consider invitation options such as:
• I don’t know this person
• Reporting the invitation as spam
A cette occasion je me suis dit que si à un moment je reçois chaque jour plus d’invitations que le nombre maximum de profils consultables, il se créera un stock indéfiniment croissant d’invitations non traitées… mais bon, je n’en suis pas là, et comme j’ai de nouveau accès à mon compte, et que « quelqu’un » chez LinkedIn est au courant de la situation, je me dis que je peux recommencer à écluser gaillardement le stock d’invitations qui me reste (entre 700 et 800).
Erreur ! Après avoir regardé 200 à 300 profils environ (zut, il ne faut pas donner le montant exact, la limite est confidentielle), soit beaucoup moins que le nombre qui m’a valu ma première suspension (pas loin de 1000 je pense), LinkedIn m’affiche à nouveau sans le moindre préavis le message suivant :
Vous consultez un très grand nombre de pages sur LinkedIn. Nous pensons que vous utilisez un outil d’automatisation. Pour empêcher les abus, nous n’autorisons pas l’utilisation de logiciels qui automatisent les activités sur LinkedIn.
Nous vous avons déjà envoyé un avertissement. Nous avons donc maintenant restreint votre compte jusqu’à August 04, 2018 1:19 PM PDT. Veuillez essayer de vous identifier à nouveau après cette date. Veuillez noter que si vous poursuivez cette activité, votre compte peut être restreint de façon permanente.
Et là je me dis que quand même l’homme, même très con, conserve un petit avantage sur la machine, surtout quand l’assistance utilisateurs pour ladite machine est gérée par des gens qui ne semblent pas avoir beaucoup plus de jugeote que la machine elle-même (ou qui n’ont aucune intention de se mettre à la place des utilisateurs de la machine, ce qui est plus probable). J’ai bien évidemment à nouveau rouspété, mais là je n’ai même pas reçu de réponse (parlez moi de mépris) et, à l’heure où j’écris ces lignes, mon compte est donc de nouveau suspendu.
Je serais donc tenté de conclure que LinkedIn souhaite imposer à tout le monde de ne jamais déconnecter pour éviter l’accumulation impossible à gérer ensuite (ca serait assez compatible avec l’esprit américain), ou qu’ils vérifient soigneusement que les ingénieurs et les gens de l’assistance n’ont aucun bon sens avant de les embaucher.
Mais il y a une autre hypothèse, autrement plus séduisante, qui expliquerait mes difficultés : LinkedIn est le premier logiciel sobre au monde. Pour inciter à la sobriété numérique, il faut limiter les usages. Quoi de plus simple pour cela que de déconnecter les gens de façon arbitraire à intervalles périodiques ? Simple et efficace.
Et pour éviter qu’ils trichent, il ne faut surtout pas donner le nombre maximum de profils consultables, sinon ces andouilles seraient capables de se mettre juste en dessous chaque jour et de maximiser leur usage. Non, on ne leur dit rien, comme ca on est surs qu’ils dépassent, et hop, plus de consommation du tout pendant quelques jours, voire pour de bon ! Bien plus pratique pour garantir la diète des octets.
Il faut donc arrêter de médire sur les américains, qui n’auraient aucun respect pour l’environnement. LinkedIn vous prouve que c’est faux ! Je les prenais pour des incapables sur le plan informatique, ou des gens paranoïaques qui n’ont aucune considération pour leurs clients, j’avais tort : ce sont des alliés de ma cause ! Merci LinkedIn de m’avoir rappelé, précisément le jour du dépassement (le 1er aout), qu’il faut immédiatement arrêter de faire croître nos usages. La forme est un peu brutale, mais ô combien efficace !
Très accessoirement, ami lecteur, si vous faites partie des quelques centaines de personnes qui m’ont envoyé une invitation en juillet, et qui ne voyez venir ni « oui merci » ni « non merci », cela vous expliquera pourquoi. Ne vous énervez pas, mais, comme moi, remerciez les. Ils le méritent bien.
Ajout chronologique du 6-7 aout 2018, en guise de post-scriptum
Mon compte ayant été rétabli le 4 août à 10h du soir, le 5 au matin je réattaque le reste de la pile qui est toujours en souffrance (environ 600 invitations avec celles qui se sont rajoutées pendant que je ne pouvais pas accéder à mon compte). Comme j’ai bien compris que mes moyens pour faire entendre raison aux génies de la sécurité chez LinkedIn étaient limités, je me dis que je vais rester prudent sur le nombre d’invitations que je vais traiter par jour, et y aller mollo.
Peine perdue : à moins de 200 (je n’ai pas compté exactement), et, j’en suis sur, moins que la fois précédente, et beaucoup moins qu’à la première coupure, le fatidique message apparaît sur l’écran
Nous avons dû restreindre votre compte car votre comportement semblait violer les Conditions générales d’utilisation.
(…)
Si vous estimez que votre compte a été restreint par erreur, vous pouvez soumettre un appel en nous laissant d’abord vérifier votre identité.
Une fois que nous aurons examiné votre pièce d’identité, nous regarderons votre compte pour voir s’il s’agit d’une erreur. Si tel est le cas, un représentant du service clientèle vous contactera pour vous signaler que la restriction a été levée.
Je soupçonne fortement, à ce moment là, que la limite de profils à consulter dans la journée baisse après chaque avertissement, et que je n’en suis pas informé, puisque la limite est con-fi-den-tielle (pensez vous, simplifier la vie des utilisateurs, on ne va quand même pas faire ca ?). Qu’à cela ne tienne, je renvoie une copie de mon passeport. Et là, le même Sacha (ou un autre ? « Sacha » est peut-être le prénom générique pour signer tout mél envoyé à un utilisateur ?) m’envoie peu après un mél qui dit
Bonjour Jean-Marc,
Nous vous remercions de nous avoir à nouveau.
Nous avons remarqué qu’un volume inhabituellement élevé de pages était consulté depuis votre compte en dépit de nos avertissements précédents. Afin de protéger les informations de nos membres, les Conditions d’utilisation et les Politiques de la communauté professionnelle interdisent de consulter systématiquement un grand nombre de pages LinkedIn.
Étant donné que nous continuons à détecter un trafic inhabituellement élevé sur votre compte après de nombreux avertissements, nous l’avons restreint de façon permanente.
Cordialement,
Sacha
Spécialiste des opérations de sécurité chez LinkedIn
A ce moment, je me dis que s’il y a un robot quelque part, il doit être en face. A moins d’avoir beaucoup bu, d’avoir appris que son conjoint vient de le quitter, ou de regarder en même temps un match de championnat, un être humain termine ses phrases, et la première du message que je reçois n’est pas complète !
Le mél que j’ai reçu a été envoyé d’une boite qui s’appelle « Assistance clientèle de LinkedIn ». Assistance ! Ils ne manquent pas d’humour, en Californie, ou alors le décalage horaire concerne aussi les jours et c’est le 1er avril en permanence ? Je me dis surtout que je me demande pourquoi LinkedIn paye des gens pour s’occuper de l’assistance, censée résoudre vos problèmes après que vous leur ayez expliqué de quoi il s’agit. Un mur serait moins cher, et tout aussi (in)efficace.
Un peu trop sous l’emprise de mes hormones peut-être, je me permets de répondre (le 6 aout à 8h)
Could you direct me to your boss please ? I’m tired of repeating the same things a hundred times to someone who obviously has decided not to understand was I write.
And I find it very funny (so to say) that the name of the mail account used to send me this message is « assistance clientèle de LinkedIn ». Assistance ? Is it a joke ?
Non-regards
Jean-Marc Jancovici
Réponse (7h après, parlez moi de réactivité)
Hi Jean-Marc,
Thanks for your response.
I’ve forwarded your concern to my supervisor who will be in touch with you as quickly as possible.
We appreciate your patience.
Kind regards,
LinkedIn Safety Operations Support Specialist
Ils « apprécient ma patience » ! Quel sens de l’humour ! Et Sacha s’est transformé en « LinkedIn Safety Support Specialist ». Au moins ils arrêtent de parler d’assistance, pour se mettre à parler de sécurité, vous savez ce qui rend tout le monde parano, et là ca commence au moins à devenir plus logique.
Le 7 aout à 10h, personne ne m’a contacté. J’envoie un nouveau mot, qui est le suivant (je confesse qu’à ce stade la fonction « défouloir » a peut-être primé sur la fonction « pertinence » !) :
Dear friend of Kafka
I sincerely hope that one day you will be in my position, trying to make someone else understand what the facts really are, while your interlocutor seems to do his (or her) best efforts not to understand. Actually it should be a preliminary condition to work in an « assistance » service (assistance, what a joke in the present case! Orwell would have been proud of you) to have been in my position. Maybe, then, your would do what any normal person does in such a case: try to understand, instead of repeating something which is false, which is that I have not respected the rules.
To respect a rule, you have to know it. If the rule is to limit the number of profiles viewed per day, I cannot respect it if I do not know the limit, and if you refuse to give me the number.
Not responding to my mail is easy, but not really a sign of quality of service, courage, or intelligence…
Jean-Marc Jancovici
Et ca marche ! A 14h30 je reçois à nouveau un message en français mais écrit par un(e) non francophone, qui est le suivant :
Bonjour Jean-Marc,
Nous vous remercions de nous avoir contactés. Je m’ appelle Lionella et je suis superviseur de L’équipe de Sûreté LinkedIn. Merci pour la clarification. J’ ai compris que le nombre élevé de profils consultés est dû au fait du nombre élevé d’ invitations reçues lors de vos vacances. Comprenez que notre algorithme de détection d’ activités excessives sur le site est le même et ne fait pas d’ exception en fonction du type d’activité que vous menez. Pour le futur je vous conseille de réduire ce genre d’activités pour des restrictions automatiques.
Pour cette fois, par courtoisie, nous avons supprimé la restriction de votre compte. Cependant, à compter d’aujourd’hui, si votre compte est restreint à nouveau en raison d’un trafic inhabituellement élevé, nous ne serions plus en mesure de supprimer la restriction.
Ce trafic inhabituellement élevé pourrait résulter d’applications de tierces parties ou d’extensions de navigateurs qui interagissent avec LinkedIn et enfreignent les Conditions d’utilisation de LinkedIn : https://www.linkedin.com/legal/user-agreement
Si vous avez un tel logiciel, nous vous recommandons de le désactiver.
N’hésitez pas à nous contacter pour toute autre question. Nous serons ravis de vous aider.
Cordialement,
Lionella
Superviseur de L’équipe de Sûreté LinkedIn
La bonne nouvelle, c’est que mon compte est de nouveau rétabli. Les mauvaises, c’est que :
- je ne sais toujours pas où est cette p… de limite du nombre de profils à respecter, alors qu’on me demande à nouveau de la respecter (quel humour, vraiment, dans cette boutique),
- si je ne respecte pas une limite que je ne connais pas, je suis envoyé dans le cyber-vide pour l’éternité, et ce sans aucun message d’alerte indiquant que la limite est proche : parlez moi de confort d’utilisation ! Maintenant je vais hésiter avant d’ouvrir le moindre profil en me demandant si ce n’est pas celui de trop, et j’ai une mauvaise nouvelle pour les invitations encore en instance : il n’y aura pas de traitement rapide….
- on me répète à nouveau – enfin je crois, il y a un aspect gentiment petit nègre dans la rédaction de « je vous conseille de réduire ce genre d’activités pour des restrictions automatiques » – qu’il faut que je n’utilise pas de logiciel collectant automatiquement des adresses… alors que j’ai déjà expliqué 3 fois au moins que ce n’était pas le cas ; j’en déduis donc qu’il n’y a pas d’historique des relations utilisateur correctement gérées dans cette maison (ou alors ils sont vraiment parano).
Incidemment, les 3 prénoms signant les méls que j’ai reçus de LinkedIn pendant cette péripétie sont Sacha, Alisa et Lionella, c’est-à-dire que des prénoms en « a », et deux d’entre eux font vraiment penser à des prénoms d’escort girl. Ai-je eu affaire à des vrais êtres humains, et c’est une coïncidence d’avoir eu tous ces prénoms en « a », et plus encore des chargés de sécurité informatique qui sont des femmes pour 2 sur 3, dans un monde qui est d’habitude masculin à 99% ? (je sais de quoi je parle, j’en viens !) ?
Ou bien ai-je expérimenté l’intelligence (ou plutôt la bêtise) artificielle à mes dépends, en parlant à des avatars d’un chatbot livré à lui-même, alors que je croyais naïvement parler à une personne, ayant nécessairement quelques restes d’empathie sur lesquels je comptais beaucoup ?
En tous cas, ami lecteur, si vous ne me voyez plus du tout sur LinkedIn, vous saurez que ca signifie que je suis un robot. Et dire que d’aucuns payent des fortunes pour un bilan de compétences ; le mien – je suis une machine – m’aura été fourni gratuitement par LinkedIn. Au moins j’aurai fait des économies !
PPS : hommage à George Orwell, et donc… en anglais.
Fin provisoire de l’affaire : mon compte est à nouveau rétabli le 7 août à 15h. Dans la réponse – finale j’espère – que j’adresse au « service d’assistance » qui me l’annonce, je me suis glissé quelques minutes, pour finir de me défouler (et il est clair que ca ne sert à rien d’autre si j’ai parlé à un chatbot), dans la peau d’un auteur d’une scène de théatre… en anglais. Enjoy!
I figured out what our exchange would have been if I had been a driver and you a cop (which is actually what you are: suspending accounts is the behavior of a cop; not that of someone providing assistance; newspeak is alive and well…)
Cop: you have been caught speeding, and your driver’s license is suspended with immediate effect
Driver: I have been speeding? But I saw no sign. Is there a speed limit here?
Cop: yes there is, and you have exceeded it.
Driver: what is the limit? Why haven’t I been informed by a sign?
Cop: I can’t tell you what the limit is, because it’s confidential. So it’s normal that you saw no sign, but you have to respect that limit.
Driver: how can I respect a limit that I do not know?
Cop: it’s confidential. But never trespass it again.
Driver: but again, how do you expect me to respect a speed limit if I do not now what it is?
Cop: it’s confidential for security reasons. If people knew the limit, it would put the other drivers at risk.
Driver: How can that be? Can you explain me this surprising rule?
Cop: it is a good rule, because it is a rule I have made, and that’s it. And because I am the cop, you have to comply, and that’s it. Because I am very nice, I will let you go for this time. But never ever trespass the limit again. Otherwise we will suspend your license forever.
Driver: are you a robot, or a human?
Cop: I say I am a human, but actually you have no way to check (and some reasons to doubt it because occasionally I omit a word – or add an extra one – in a sentence). But if you ever trespass again a limit that you do not know, I will act as a robot, applying my own (ill-)logic without any feeling.
Many thanks to Kafka, Orwell, Terry Gilliam and Ubu Roi.