NB : Ce texte a été rédigé avant le démarrage du débat.
J’ai été nommé le 14 janvier 2003 président du comité consultatif du débat national sur l’énergie. Dans ce débat, il y aura des tas de points de vue qui seront exprimés sur ceci et cela (c’est heureux, car c’est fait pour !), et une partie de ces propos concerneront immanquablement la partialité de tel ou tel organisateur, et tous les péchés dont il se sera rendu coupable. Il est bien évident que je n’échapperai pas à cette règle (ma prédiction n’a pas mis longtemps à se réaliser : 3 semaines après mon entrée en fonctions les reproches sont déjà là !).
Ayant toujours tenté d’être transparent, il m’a semblé utile de préciser dès à présent quelques petites choses concernant le contexte de ma nomination et les raisons pour lesquelles j’ai dit oui, afin d’éviter tout malentendu, et d’éviter également d’hériter, le cas échéant, de reproches qui ne me concernent pas ou qui ne sont pas fondés.
Oyez donc, bonnes gens, ce que je souhaiterais déclarer AVANT que l’on ne prête toutes sortes d’intentions plus ou moins surprenantes :
- je n’ai jamais rien demandé à personne concernant ce débat, ni intrigué en aucune sorte pour être nommé dans telle ou telle instance. J’ai vu arriver un jour, sans que je m’y attende le moins du monde, un mél du cabinet de Mme Fontaine (où je ne connaissais personne) me proposant cette « présidence ». Le premier surpris, ce fut moi !
- je n’ai joué aucun rôle dans la composition du comité consultatif, qui a été « recruté » par les soins du Ministère de l’Industrie (ou en tous cas pas par moi). Personne ne peut donc me reprocher de ne pas être dans cette instance.
- je n’ai pas et n’ai jamais eu de carte dans un parti politique, donc pas plus à l’UMP qu’ailleurs.
- Cela fait maintenant 2 ans que j’ai créé un site Internet où je propose quelques points de vue sur le changement climatique et l’usage de l’énergie. Aucun de ces textes ne m’a jamais été commandé – ou même suggéré – par un acteur quelconque du débat qui s’ouvre, à l’exception de deux études sur le télétravail qui m’avaient été commandées par le Ministère de l’Industrie il y a quelques années et dont j’ai mis les conclusions en ligne sur mon site.
- De temps en temps, un journal ou magazine me fait l’honneur de souhaiter reproduire un de mes textes ou certains de mes propos. Cela a été le cas récemment sur l’éolien et va l’être prochainement sur le nucléaire civil. Dans les deux cas de figure il s’agit d’une pure coïncidence de dates et n’est en rien une fine manœuvre de ma part pour profiter de ma récente nomination pour gagner en visibilité ou faire passer mon point de vue.
- Le texte sur le nucléaire civil qui va paraître fin janvier dans la revue « Le Débat » n’est pas et n’a jamais été une « commande » de qui que ce soit, mais le simple résultat de mes propres réflexions. Ce texte devait initialement paraître en septembre 2002, mais pour une raison d’ordre matériel la parution a été repoussée à janvier 2003, sans aucune intervention de ma part (de toute façon, en septembre dernier je ne savais pas qu’il y aurait un débat sur l’énergie, et encore moins que j’y jouerais un rôle, donc je ne vois pas pourquoi j’aurais cherché à différer la date de parution).
- Dans le même ordre d’idée, la revue Pèlerin Magazine vient de publier une interview de votre serviteur sur l’éolien. D’une part une partie des propos que l’on me prête n’est pas conforme à ma pensée (je n’ai pas pu me relire), et donc je ne les confirme donc pas, et d’autre part cette interview a eu lieu en décembre, à une époque où je ne m’imaginais pas le moins du monde faire partie un jour d’un comité quelconque d’un débat national quelconque (bis repetita).
- Le rôle du comité consultatif est notamment de contribuer à la construction du déroulé des 7 « rencontres nationales » qui seront organisées directement par le ministère de l’Industrie, en proposant le découpage en sous-thèmes et en suggérant des intervenants. Ce comité peut aussi faire des suggestions diverses sur les « outils » du débat (site Internet, documentation, etc). Mon rôle est « d’animer » ce comité, mais le mot de la fin appartient toujours au gouvernement, comme il est d’usage en pareil cas. Cependant, il est bien entendu que tant que je suis présent, cela signifie que je n’ai pas de divergences profondes avec la manière dont les choses se passent en ce qui concerne les processus qui sont de mon ressort. Sinon, je pars !
- Dans ce débat, je n’ai aucun rôle officiel ou officieux en dehors des fonctions mentionnées ci-dessus, et en particulier je ne suis le sous-marin d’aucun acteur ou groupe de pression du débat : je ne représente que moi (c’est déjà assez difficile comme ça, parfois !). Pour autant je ne me qualifierais pas d’indépendant : je suis parfaitement dépendant de mes clients, de mon banquier, de l’opinion de ma femme (surtout !), du fait que j’ai des enfants, de mes lectures et enseignements passés, du fait que je sois ingénieur, du fait que je sois Français, et encore d’un tas d’autres choses.Cette manière de voir s’applique bien sur à tout le monde, et donc je ne crois pas plus à l’indépendance chez les autres que chez moi. Toute personne qui a un banquier, des proches, éventuellement des salariés, des adhérents d’association, des clients ou une tutelle, ce qui commence à faire beaucoup de monde, est parfaitement dépendante de tout cela. Si une telle personne se proclame indépendante, c’est indépendante de quoi et de qui exactement ?Par contre je crois à la transparence, qui revient finalement à dire de qui l’on dépend, en laissant son interlocuteur juger par lui-même du degré d’indépendance que cela confère dans la situation du moment. Dans cet esprit, je ne me suis jamais caché de qui sont mes clients (ni de qui est ma femme !).
- Venons en au point important : pourquoi ai-je dit oui ? Parce que l’un des objectifs officiellement affiché par le gouvernement est que chacun prenne conscience de sa propre responsabilité, et de sa propre marge de manœuvre, aussi modestes soient-elle, dans l’augmentation continue de la consommation d’énergie de notre pays, et que cela me semble un objectif éminemment salutaire. Tant que le réflexe de bon nombre d’entre nous sera de dire : ma consommation personnelle est si peu de choses dans cette affaire, donc c’est avant tout « aux autres » (les autres = les industriels, les politiques, les transporteurs routiers, les Américains, la génération qui suivra, mes voisins, ou qui sais-je encore) de faire des efforts en premier, mais pas à moi, je ne vois pas de solution « douce » au problème de la croissance perpétuelle de notre consommation et donc de l’inéluctable décroissance, plus ou moins brutale, qui s’ensuivra un jour.
- Ma participation ne signifie en rien que je serai nécessairement d’accord avec (ou nécessairement contre !) les propositions contenues dans la loi d’orientation qui sera discutée par le Parlement. Encore une fois, je suis juste chargé d’une mission d’organisation, somme toute assez classique, même si elle concerne la vie publique de notre pays. Ma seule ambition est d’aider à poser correctement le problème, et si je peux aider mes concitoyens à comprendre :
- que le monde est hélas fini et qu’il faut bien faire avec,
- que l’énergie est une grandeur physique avant d’être une donnée économique, et que par conséquent la croissance perpétuelle de notre consommation d’énergie n’est pas possible, ni même la consommation perpétuelle d’une quantité constante d’énergie fossile,
- que ces évidences, que pourtant nous oublions tous les jours, soulèvent un certain nombre de problèmes concrets qui aujourd’hui n’ont pas de solution satisfaisante,
- eh bien je n’aurai pas totalement perdu mon temps. Si, en plus, je peux concourir efficacement à ce que tout journaliste et tout homme politique de ce pays comprenne :
- qu’on ne supprime pas un inconvénient qui vaut 1000 avec une marge de manœuvre qui porte sur 1 tout au plus,
- que les marges de manœuvre ne sont jamais les mêmes selon que l’on se donne une semaine ou 50 ans pour les mettre en oeuvre,
- qu’il est difficile de réclamer comme consommateur ce que l’on réprouve comme citoyen, ou de réclamer blanc d’un côté et noir de l’autre en même temps,
- et surtout que l’énergie « propre », que nous pourrions consommer jusqu’à plus soif sans inconvénient, n’existe pas, car ici comme ailleurs c’est la dose qui fait le poison (comme pour tout : le sucre est inoffensif à raison de 10 g par jour, mais un poison pour celui qui en mangerait 5 kg par jour),
alors je mérite probablement la grand’croix de la Légion d’Honneur, le Prix Nobel et une place au Panthéon !
Finalement, il en est sorti quoi ?
(ajout du 8 juin 2003)
Après ce genre d’exercice, il est usuel de faire un bilan. Sacrifiant volontiers à la coutume, voici la distribution des bons et mauvais points ! Avant toutes choses je précise que je n’ai pas rencontré Mme Fontaine une seule fois pendant ce débat, sauf pour lui serrer la main pendant 40 secondes. Je ne sais donc toujours pas quelle était sa feuille de route exacte et ce qu’elle attendait de cette affaire. Mais c’est probablement secondaire.
Commençons par les aspects que je considère comme négatifs :
- Mon plus gros regret est que ce débat est resté confiné au seul ministère délégué à l’industrie (laquelle industrie ne consomme directement que 25 à 30% de l’énergie en France), et les autres ministères (ainsi que le premier ministre) se sont inscrits aux abonnés absents, alors que l’énergie abondante est ce qui façonne le moindre recoin de notre monde moderne. En particulier le Ministre des Transports et du Logement (M. Gilles de Robien pour ne pas le nommer) n’a pas montré le bout de son nez (ni le bout de quoi que ce soit d’autre) à une seule des 7 séances, et n’a pas prononcé un seul discours montrant qu’il s’intéressait à ce sujet pendant le débat. Pourtant 70% de la consommation d’énergie finale en France est le fait des transports (routiers ou aériens) et des bâtiments (chauffage, eau chaude, cuisson, électricité spécifique….), c’est à dire de secteurs qui relèvent directement de l’autorité de ce ministre. L’essentiel des mesures concernant la demande qui ont été proposées pendant le débat (isolation des logements, limitations de vitesse, modification des infrastructures de transport, etc) relèvent bien plus de son ministère que de celui de Mme Fontaine. Il serait intéressant de savoir pourquoi il est resté invisible et inaudible.
- Non seulement le ministre des transports n’a pas été vu ou entendu dans l’enceinte du débat, mais pendant que cette enceinte résonnait de fort beaux discours (de Raffarin ou Fontaine) expliquant que l’inflation des transports routiers nous menait droit aux ennuis, nous apprenions le 7 mai 2003 que le ministère des transports souhaitait faire construire un contournement autoroutier de Bordeaux, et le 9 mai 2003 que l’autoroute Lyon-Balbigny était décrétée d’utilité publique (sans parler du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes dont il a été question pendant ce débat mais je n’ai pas conservé les coupures de presse, de l’extension du Port du Havre, etc). Question (pour un champion du double langage) : peut-on savoir ce que souhaite vraiment le gouvernement ? La hausse des flux de personnes et de marchandises, par tous les modes, « tant que ca passe », ou leur baisse ?
- Le gouvernement a géré cette affaire avec une précipitation dommageable, ce qui a entraîné de multiples faux pas (site Internet mal bigorné, réunions mal préparées et annoncées avec un préavis parfois inférieur à la semaine, etc). Une large partie des reproches – justifiés dans leur ensemble – entendus au moment des premières réunions n’auraient pas eu de raison d’être si cette affaire avait bénéficié de quelques mois de gestation supplémentaires.
- L’espace réellement réservé au débat avec la salle pendant les colloques a été réduit à la portion congrue, par suite d’un nombre excessif de participants aux tables rondes. Dans les faits, et contrairement à ce qui était annoncé sur le site Internet sur débat, le comité que j’avais l’honneur de préésider n’était pas chargé de finaliser les programmes, mais juste de faire des propositions. Le découpage général avalisé par le comité a toujours été respecté, mais nous n’avons jamais été suivis sur le nombre d’intervenants. Les propositions ont généralement été faites avec 3 ou 4 intervenants seulement par table ronde pour « laisser de l’air » à la salle. C’est le gouvernement qui, en finalisant les programmes, a de manière assez systématique complété à 5 ou 6 les participants à chaque table ronde (la règle était : quiconque râlait suffisamment fort et avait assez d’amis journalistes était sûr d’avoir un siège, peu importait la cohérence d’ensemble !). En ce qui concerne les colloques eux-mêmes, c’est le défaut majeur que je leur ai trouvé.
- A quelques nuances près, je ne crois pas que le grand public ressortira de ce débat beaucoup mieux informé qu’il ne l’était en entrant. Cette remarque vaut aussi pour le monde politique et la presse.
- La presse s’est bien trop intéressée au débat sur le débat, c’est à dire ce que Machin ou Truc pensaient du débat lui-même (Machin ou Truc ayant été de préférence tous ceux qui protestaient contre ce qui n’allait pas), et bien trop peu au fond.
- Certains « grands défis » sont passés complètement à la trappe. Le fait que les réserves de combustibles fossiles soient limitées, et que tant que nous sommes massivement dépendants de ces énergies, la seule question est juste de savoir quand adviendra le prochain choc pétrolier ou gazier, et la récession à suivre ? Silence… Le fait que le changement climatique en cours menace de nous faire changer d’ère climatique, puisque l‘élévation de quelques degrés de la moyenne correspond à l’écart entre une ère glaciaire et la nôtre, et qu’il est peut-être légitime de tout mettre en oeuvre pour l’éviter ? Aucun intérêt…. Le fait qu’il est difficile d’envisager la croissance perpétuelle de notre consommation matérielle tout en souhaitant faire baisser la consommation d’énergie ? Bof….. Etc.
- Sur le fond, les deux seules choses qui ont passionné les journalistes sont l’éolien et le nucléaire, qui ne concernent que l’électricité, or l’électricité ne présente que 20% à 40% de notre consommation d’énergie, selon la manière de compter.
- L’objectif de diminution par 4 des émissions de gaz à effet de serre en France d’ici 2050, rappelé en ouverture du débat, a fait l’objet de très peu de commentaires, alors qu’il s’agit à l’évidence de l’objectif chiffré le plus révolutionnaire annoncé – ou plus exactement repris – pendant ce débat. S’il devait réellement être mis en oeuvre, ce serait un Plan Marshall puissance 10, additionné d’une réédition de la conquête de la Lune, et j’en passe.
- Difficile de dire si ce faible écho du débat dans la presse est dû à l’hostilité des journalistes pour un sujet technique, au manque d’intérêt de nos concitoyens pour le sujet, à la campagne « anti-débat » menée par quelques associations, au fait que ce débat ait été porté par un ministre délégué « seulement », à la guerre en Irak (qui était parfaitement dans le sujet !)….
- Les associations de « défense de l’environnement » présentes au comité consultatif, et qui sont parties au bout de 3 réunions, se sont comportées de manière un peu surprenante pour autant que je puisse émettre un avis :
- j’avais proposé que le premier colloque du débat démarre avec l’exposé de quelques ordres de grandeur sur les données « physiques » du problème : comment évolue la consommation, combien de CO2 dans ceci et cela (exactement dans l’esprit du Climaction), combien d’éoliennes pour faire tant de kWh, quelle quantité de déchets nucléaires par an en France, etc. Les seuls membres du comité consultatif violemment opposés à ce souhait appartenaient aux associations « de défense de l’environnement ». Je n’ai toujours pas compris pourquoi donner des ordres de grandeur était biaiser l’information. Faut-il ignorer les lois de la physique pour laisser plus d’espace aux slogans ?
- alors que nous n’en étions qu’au début des réflexions, et que le découpage des colloques était tout sauf décidé (pour certains d’entre eux nous n’y avions même pas réfléchi !), ces « associations » ont fait des déclarations à la presse en expliquant que tout était ficelé dans ce débat, ce qui relevait du plus pur procès d’intention. Je me suis demandé très sérieusement si la raison d’être de ces associations n’était pas uniquement de râler, finalement. Si c’est cela, c’est assurément une fonction utile, mais il est alors important que personne ne compte sur ces organismes pour faire des propositions concrètes compatibles avec le monde que nous connaissons (et notamment avec les lois de l’arithmétique ou de la physique).
- Ces associations me semblent avoir confondu – volontairement ? – « participer à l’organisation du débat » et « être d’accord avec les objectifs gouvernementaux qui figureront dans la loi d’orientation qui suivra ». Je ne crois pas que les autres participants au comité consultatif seront tenus pour comptable de tout ce que fera le gouvernement simplement parce qu’ils étaient présents au comité consultatif. Pour ma part j’ai clairement indiqué dès le début, pour que les choses soient claires, qu’il n’y avait pas équivalence entre les deux.
- Enfin certaines de ces associations m’ont l’air d’avoir considéré qu’un « vrai débat » était nécessairement un débat débouchant sur la conclusion qu’il faut renoncer au nucléaire civil !
Passons maintenant aux bons points (parce qu’il y en a eu, quand même) :
- Les colloques se sont tous déroulés dans le calme. Il n’y a jamais eu d’altercation violente dans l’enceinte du débat (alors que la participation était libre ; aucun « filtrage » du public n’a été effectué à ma connaissance), et même le jour du nucléaire la paroxysme de la violence a été atteint avec juste quelques applaudissements ou sifflets dans la salle.
- L’existence de « Sages » était une très bonne idée. Leur rôle d’arbitre a été accepté par tous (y compris par ceux qui sont partis en claquant la porte et en dénoncant le débat comme une mascarade) du début à la fin. Il est cependant difficile de dissocier a posteriori la qualité de l’idée de la qualité des titutlaires, et donc de savoir si c’est la fonction ou les hommes choisis – car deux d’entre eux ont joué leur rôle avec beaucoup de sérieux – qui a fait le succès de cette idée.
- Si l’exercice a finalement très peu concerné le grand public, il a incontestablement été fructueux dans le cercle restreint des acteurs de l’énergie, ou il a été à l’origine de nombreux échanges qui n’auraient probablement pas eu lieu sans ce débat. Ce seul aspect justifie à lui seul l’expérience, même si parler de « débat national », a fortiori « associant tous les Français » (objectif de départ), s’est révélé, à l’usage, un terme bien excessif pour désigner ce qui s’est réellement passé. Cela étant, il est très difficile de savoir dans quelle mesure l’existence de ce débat aura changé quoi que ce soit au contenu de la loi cadre qui va suivre. Ce n’est pas une critique, juste une interrogation.
Verbatim
Il s’est bien évidemment dit beaucoup de choses en 7 jours de colloques. Voici juste quelques propos relevés au cours du débat que j’ai trouvés particulièrement éclairants ou amusants. Ils ont pu être tenu publiquement ou lors de conversations « privées ». Dans ce dernier cas, il est bien entendu que je ne rapporte que des propos qui ne sont pas susceptibles de se retourner contre leurs auteurs (si il y a un risque, je ne cite pas l’auteur). Sauf mention explicite, il s’agit de propos prononcés pendant les colloques.
« Le renoncement de l’Allemagne au nucléaire civil est une décision purement politique. Nous n’avons aujourd’hui aucun plan d’action concret concernant le remplacement du nucléaire ».
Horst SCHNEIDER, responsable de l’économie nucléaire à la direction générale de l’énergie au ministère fédéral de l’Economie et du Travail (Rennes, le 6 mai 2003).
« Je suis parfaitement d’accord avec ce que vous dites sur le nucléaire, mais ne peux l’écrire à cause de ma hiérarchie ».
J’ai reçu ce message – identique sur le fond, différent dans la forme – de 2 journalistes différents de médias « de premier rang » dans notre pays (échange de messages privés).
« Le gaz ne pose aucun problème particulier »
(je ne garantis pas que cette phrase ait été prononcée exactement comme cela, mais c’était bien l’esprit ; toute personne dans la salle pourra en témoigner !).
M. Jean-Marie DAUGER, DGA de Gaz de France (Bordeaux, le 24 avril 2003).
« Les énergies renouvelables ne sont pas concurrentes du nucléaire civil, mais complémentaires ».
André ANTOLINI, président du Syndicat des Energies Renouvelables (Rennes, le 5 mai 2003).
« Le développement de l’éolien est une excellente chose pour nous, car nos centrales à charbon seront sollicitées pour les périodes sans vent ».
Eric DYEVRE, Société Nationale d’Electricité et de Thermique, filiale de Charbonnages de France possédant des centrales thermiques à charbon (Bordeaux, le 24 avril 2003).
« Je suis très étonnée d’avoir vu les ministres partir sitôt leur discours fait. En Suède, quand un ministre vient prononcer un discours en ouverture d’un débat, il(elle) reste ensuite pour écouter ce qui se dit, et dans beaucoup d’autres pays européens c’est également le cas ».
Saida ENGSTROM, SKB (agence Suédoise de gestion des déchets radioactifs), lors d’une conversation « privée ». (Rennes, le 6 mai 2003)
« Il faudrait interdire les lampes à incandescence, qui représentent une technologie dépassée ».
Benoît LEBOT, chargé de l’efficacité énergétique à l’Agence Internationale de l’Energie (Strasbourg, le 3 avril 2003).
« Personnellement je considère que ce serait une erreur de renoncer au nucléaire civil, mais je ne peux pas le dire publiquement car les membres de mon association ne seraient pas prêts à l’entendre ».
Propos tenu par le dirigeant d’une association de défense de l’environnement (en privé).
« Le chauffage à l’électricité émet plus de CO2 que le chauffage au fioul ».
Claude ARCHIMBAUD, Chauffage Fioul (Strasbourg, le 3 avril 2003).
(NB : en France, c’est bien entendu parfaitement faux !!!).
Faits et chiffres
- Nombre de débats « officiels » : 7
- Nombre de participants (dans la salle) à chaque colloque : quelques centaines.
- Nombre de manifestants (dont ceux du réseau Sortir du Nucléaire) qui protestaient, à l’extérieur de la salle, contre le débat qu’ils estimaient « biaisé » : de 15 à 30 selon les endroits.
- Nombre de connexions au site Internet du débat : de l’ordre de 1.500 par jour.
- Nombre d’articles mentionnant le débat dans la presse : quelques petites dizaines par semaine (20 à 40, disons, tous supports de presse confondus). Le plus souvent des « brèves ». J’ai constaté à cette occasion que certains articles de la presse quotidienne régionale étaient la reprise à la virgule près d’une dépêche de l’AFP.
- Nombre de membres au « comité consultatif » : 45 avant le départ des 5 représentants des associations WWF, Greenpeace, Agir pour l’Environnement, Réseau Action Climat, et France Nature Environnement.
- Nombre de réunions du « comité consultatif » : 7 (dont 3 avec les associations ci-dessus puis 4 sans).
- Nombre de manifestations labellisées « initiatives partenaires » : environ 300