Tribune parue dans Les Echos du 19 janvier 2016
Victoire ! Tel a été, pour beaucoup, le meilleur résumé de la COP 21. Victoire, assurément, pour avoir rassemblé autant de chefs d’état sur le thème du climat. Victoire, aussi, pour avoir produit un traité qui respecte le formalisme onusien, même si, pour l’essentiel, il ne fait que reprendre et détailler, six ans plus tard, le contenu de l’accord de Copenhague.
Mais cette victoire ne signifie en rien que le problème est maintenant derrière nous. Tout d’abord, à cause de l’inertie du système climatique, l’action résolue n’abaissera pas immédiatement, loin s’en faut, les risques encourus. Les récoltes vont être de plus en plus sous pression pour des décennies ou des siècles ; l’océan va monter pendant des milliers d’années, menaçant de plus en plus d’infrastructures de bord de mer et de plaines agricoles côtières ; les ouragans, tornades, sécheresses et inondations vont s’intensifier, exerçant une pression croissante sur l’environnement et les constructions humaines.
Face à un des plus grands défis posés à notre espèce, que fait le monde économique ? Le ton offensif entendu dans nombre d’enceintes patronales pourrait laisser penser que l’heure est enfin aux plans d’envergure. Malheureusement, dans les faits nous en restons loin. Comparé à ce qui est dédié à la publicité, aux déplacements, ou aux RH, le budget dédié à l’action contre le changement climatique reste un budget croupion. Pourtant, sans planète en état de marche, il n’y aura pas beaucoup de liberté de déplacement, de congés payés, ou même de chiffres d’affaires mirifiques…
Collectivement, nous restons incapable de choisir la durée au détriment de la jouissance immédiate. Nous refusons de taxer l’énergie fossile au bon niveau ou d’en limiter réglementairement l’usage ; les politiques publiques – y compris françaises, et pas seulement énergétiques – portent toujours des objectifs largement contradictoires avec la solution au problème ; le consommateur reste l’adversaire du citoyen ; malgré les communiqués de presse triomphants les chiffres montrant que l’essentiel de l’économie penche hélas de plus en plus du mauvais côté de la barrière.
Ce qu’il faut retenir de la COP 21, c’est surtout l’impérieuse nécessité de nous mettre enfin au travail à la bonne échelle !