Tribune parue dans Les Echos du 14 mai 2013
Voici une nouvelle qui devrait ravir la Commission de Bruxelles : les partisans du photovoltaïque ne croient pas à nos difficultés économiques ! De fait, ils proposent en ce moment de porter la puissance installée en panneaux solaires à 15, voire 25 GW en 2020, et, comme nous allons le voir, aller de l’avant sur ce projet suppose assurément des poches bien pleines.
Avec les engagements déjà pris depuis le Grenelle, cet objectif coûterait – sur 20 ans – de 60 à 120 milliards d’euros aux ménages français, via une fiscalité accrue sur le kWh. Il n’y aurait rien à y redire si le solaire était le meilleur choix pour diminuer la consommation de pétrole, les émissions de CO2, ou se débarrasser d’un nucléaire qui serait la première des menaces auxquelles nous devons faire face.
Malheureusement, le PV ne correspond en rien à cette baguette magique. Il demande 10 à 30 fois plus d’investissement par kWh produit que le nucléaire (gestion de l’intermittence incluse) et donc déplace très peu de production électrique par euro dépensé ; la fabrication du panneau – en Chine – émet autant de CO2 que l’usage – en France – en évitera ; le PV – promu par des antinucléaires plus que par des « anti-réchauffement climatique » – n’évite pas de pétrole ou de gaz, mais dégrade la balance commerciale (et l’endettement à la suite) puisque les panneaux sont importés ; enfin le nucléaire est bien moins dangereux (accidents inclus) que les combustibles fossiles, et n’est donc pas notre premier problème.
Même une hausse de l’emploi net se discute fortement quand on regarde bien.
Si ces 100 milliards étaient utilisés pour isoler des bâtiments chauffés au gaz ou au fioul tout en les passant à la pompe à chaleur (fonctionnant à l’électricité nucléaire, horreur), nous pourrions éviter de 2 à 8 milliards d’hydrocarbures importés par an, baisser les émissions de CO2 de 6% à 10% et créer réellement 50 à 100.000 emplois supplémentaires avec l’argent ainsi économisé.
Observons ce que fera le gouvernement : s’il décide de subventionner l’économie chinoise pour ne rien éviter comme problème chez nous, ce sera au fond une bonne nouvelle, puisque cela signifiera que nous sommes encore très très riches !