Tribune parue dans Les Echos du 27 juin 2017
Depuis Chirac et la maison qui brûle, nos présidents aiment le changement climatique : Sarkozy avec le Grenelle de l’Environnement ; Hollande avec la COP 21, Macron avec sa réponse à Trump et un pacte mondial.
Malheureusement, cela n’a pas déclenché l’action généralisée dans les bons ordres de grandeur. Et, quand action il y a en apparence, il s’agit trop souvent d’un geste anecdotique qui sert de cache-sexe vert.
Pour qu’il en soit autrement, il faudrait commencer par changer un multiple ahurissant dans les temps respectifs passés à compter l’argent et le carbone. Aujourd’hui, une entreprise française dépense 200 fois plus dans la comptabilité monétaire que dans la comptabilité environnementale, la seule qui permette pourtant de comprendre à quelle distance du mur nous sommes en ce qui concerne nos prélèvements et nos rejets.
Or, faute de compter correctement, c’est le slogan ou le dernier sondage qui nous tiendra lieu de boussole, et le résultat n’est pas toujours garanti. Un exemple ? En France, les panneaux photovoltaïques et éoliennes en place prélèveront au total 90 milliards d’euros sur les consommateurs, sans effet notable sur le CO2 (puisque cela mord essentiellement sur du nucléaire), avec destruction d’emploi en net (car cela augmente les importations par MWh à consommation électrique constante), et sans baisse du risque nucléaire (il faut garder la même puissance nucléaire pour garantir l’approvisionnement, tout en lui donnant moins d’argent).
La même somme investie dans des pompes à chaleur (qui sont aussi des ENR) pour remplacer des chaudières au fioul et au gaz aurait économisé 10% du pétrole et 15% du gaz importés (et donc créé de l’emploi en net), aurait fait baisser le CO2 de 15%, et aurait augmenté les recettes d’EDF, permettant de gérer plus facilement un désir de sécurité accru. 90 milliards de perdus parce que nous ne savons pas compter le carbone ! Et ce n’est qu’un exemple…
Il est couramment admis que celui qui ne compte pas correctement ou ne paye pas ses charges sociales peut perdre jusqu’à son entreprise. Tant que nous ne serons collectivement pas d’accord pour qu’il en soit de même avec la comptabilité carbone, nous bricolerons sans éviter le choc.