La « bonne surprise » serait en l’occurrence un phénomène encore inconnu qui « amortirait » le réchauffement supplémentaire provoqué par les gaz à effet de serre que nous émettons.
Que sait-on sur la question ?
Les études des « archives » de l’Antarctique font apparaître, sur de longues périodes, une étroite corrélation entre températures et concentration de principaux gaz « naturels » à effet de serre :
- CO2,
- CH4
Évolutions comparées sur les 400.000 dernières années (sauf le dernier siècle qui n’est pas représenté) :
- Courbe du haut, de la teneur atmosphérique en CO2, en parties par million – en abrégé ppmv. L’échelle est en haut sur l’axe vertical de gauche
- Courbe du milieu, de la teneur atmosphérique en méthane (CH4) en parties par milliard – en abrégé ppb. L’échelle est en bas sur l’axe vertical de gauche.
- Courbe du bas, de la différence par rapport à maintenant de la température moyenne au niveau du sol en Antarctique (qui est bon marqueur de la température terrestre moyenne). L’échelle est sur l’axe vertical de droite.
Les périodes glaciaires correspondent à des températures et concentrations en CO2 basses, et les âges interglaciaires (comme celui que nous vivons actuellement) correspondent à des valeurs plus élevées de la température et du CO2.
On notera qu’entre un âge glaciaire et une période « chaude », la concentration en CO2 ne varie que de 80 ppmv , ce qui est exactement la concentration supplémentaire que nous venons de mettre dans l’atmosphère en un siècle seulement.
Source : Petit & al., Nature, 1999
Il apparaît très clairement que ces courbes évoluent à peu près en parallèle. Avec l’échelle de temps de ces courbes, et les incertitudes de mesure étant ce qu’elles sont, il n’est par contre pas possible de tirer de ce seul graphique une conclusion forte sur l’ordre chronologique des évolutions : on pourrait tout aussi bien avoir la température qui évolue avant le CO2 et le CH4, ou l’inverse. D’autres mesures, plus précises, permettent cependant de conclure de manière probable sur ce point : dans ces époques passées, c’est la température qui a évolué en premier et la concentration des gaz à effet de serre qui a suivi.
Cette seule évolution parallèle ne signifie donc pas que les réchauffements du passé ont nécessité un effet de serre accru pour s’enclencher. Et il est désormais avéré que la variabilité naturelle sur les longues périodes découle essentiellement de la modification de paramètres astronomiques : distance de la terre au soleil, inclinaison de la terre sur le plan de son orbite, etc, et des travaux publiés en 2003 suggèrent que la déglaciation d’il y a 250.000 ans a bien commencé par une modification de l’insolation qui a en retour influé sur la concentration en CO2.
Mais imaginons maintenant qu’il existe un phénomène conduisant l’atmosphère à cesser de se réchauffer, ou à se réchauffer moins vite à partir d’un certain moment, avec une teneur en CO2 qui continue d’augmenter. Alors l’examen de ces courbes permet de dire qu’il ne s’est jamais produit dans le passé observable. En pareil cas, nous devrions en effet observer une décorrélation, au moins de temps en temps, entre la courbe du CO2 – dans les parties ascendantes – et la courbe de température, c’est à dire que nous devrions voir, au même moment, le CO2 monter pendant que la température ferait « autre chose » (devenir constante, descendre, ou simplement monter beaucoup plus doucement). Cela n’a manifestement pas été le cas dans le passé. Evidemment, l’avenir n’est jamais la répétition stricte du passé, mais si ce processus d’amortissement existe, il est bien caché !
« Cette augmentation parallèle de la concentration en gaz carbonique et de la température signifie qu’il est illusoire de compter sur un phénomène encore inconnu et susceptible de diminuer l’amplitude du réchauffement par effet de serre » (citation de Michel PETIT, ancien directeur général adjoint de l’Ecole Polytechnique en charge de la recherche, et ancien membre du bureau du GIEC).