Cette page vous propose une lecture (très !) critique d’un article paru en avril 2001 dans le Wall Street Journal.
Pour la pédagogie de l’exposé, trois versions de ce texte sont utilisées : la première est la traduction en Français de la version originale, sans commentaires. Plus bas, vous trouverez de nouveau cette traduction, mais avec mes commentaires (toujours en Français). J’ai indiqué [entre crochets], au fil du texte, les incohérences, sophismes et autres erreurs de raisonnement que contient cet article selon moi. Il ne s’agit bien entendu que de mon avis, susceptible d’être erroné, et même de changer !
Enfin j’ai laissé la version originale en Anglais en bas, pour que tout le monde puisse vérifier que, aux nuances de traduction que je n’aurais pas su respecter près, je n’ai normalement pas déformé l’article original.
Version française sans commentaires
Air Chaud + Science défectueuse = Emissions dangereuses
Par Philip Stott, professeur de biogéographie à l’Université de Londres et co-auteur de « Ecologie politique : la Science, le Mythe et le Pouvoir » (Oxford University Press, 2000).
Quand la directrice de l’Environmental Protection Agency Christine Todd Whitman a dit aux journalistes la semaine dernière « Non, nous n’avons aucun intérêt à implémenter le protocole de Kyoto », elle a déclenchée une hystérie en Europe supérieure même à celle causée par les troubles actuels que la Grande Bretagne connaît avec la fièvre aphteuse. Ce fut comme si George W. Bush avait appuyé sur le bouton de l’arme atomique. Pourquoi ?
La raison est simple : en Europe, le réchauffement climatique est devenu un mythe nécessaire, une nouvelle religion fondamentale, dont les articles du protocole de Kyoto constituent le livre de foi. Les tenants de cette foi nouvelle veulent juger M. Bush parce qu’il a blasphémé.
Energie Emotionelle
Personne ne comprendra cela aux Etats-Unis si ils n’arrivent pas à saisir que le réchauffement climatique a absorbé plus d’énergie émotionnelle des groupes de pression verts européens que pratiquement tout autre sujet. Même les biotechnologies ont un impact marginal par comparaison. Les Américains doivent aussi comprendre que la science complexe du changement climatique a peu a voir avec le mythe. Aux Etats-Unis, la science est rigoureusement examinée, en Europe ce n’est pas le cas.
Le « réchauffement climatique » a été inventé en 1988, quand il a remplacé deux mythes en vigueur auparavant qui étaient la plongée imminente dans un autre âge glaciaire et la menace d’un hiver nucléaire. Le nouveau mythe était destiné à englober une large palette d’autres mythes et attitudes qui se sont développés dans les années 1960 et 1970, comprenant les « limites à la croissance », le développement durable, des craintes néo-malthusiennes d’une bombe démographique, la pollution, l’anti-américanisme anti-entreprises, et une analyse « Al-Gorienne » exposant que la cupidité humaine dérange l’harmonie écologique et l’équilibre de la Terre.
Initialement, en Europe, le nouveau mythe a été adopté à la fois par la Gauche et la Droite. La droite avait le souci de briser le pouvoir des syndicats traditionnels, comme celui des mineurs – la population ouvrière derrière une source majeure de gaz carbonique – et la promotion du nucléaire. Le Hadley Center pour la Prévision et la Recherche Climatique a été créé suite à l’action personnelle de personne d’autre que Margaret Thatcher.
La gauche, par contraste, était obsédée par la croissance de la population mondiale, l’industrialisation, la voiture, le développement et la globalisation. Aujourd’hui, la narration du réchauffement climatique a évolué vers un problème emblématique pour les Verts autoritaires, qui emploient une forme de langage qui a été caractérisée par le physicien P. H. Borcherds comme « le subjonctif hystérique ». Et c’est maintenant l’impératif grammatical qui domine les médias européens quand ils se plaignent de M. Bush, des USA, et leur reniement volontaire de la foi véritable.
De manière intéressante, la tension entre la science et le mythe caractérise le troisième « rapport d’évaluation », du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, vers lequel l’Europe se tourne pour en permanence pour se légitimer. Toute la tonalité du rapport diffère entre le résumé pour décideurs (rédigé par un groupe puissamment inféodé au mythe) et les sections scientifiques.
Cela fait un choc de lire ce qui suit dans les conclusions scientifiques : au total, une stratégie doit reconnaître ce qui est possible. Dans la recherche et la modélisation climatiques, nous devrions reconnaître que nous avons affaire à un système couplé non linéaire, et que en conséquence les prévisions d’un climat futur spécifique ne sont pas possibles.
Inévitablement, les médias en Europe n’ont pas mentionné cette carence scientifique vitale, choisissant de se concentrer plutôt sur le résumé politique, que Richard S. Lindzen, un professeur de météorologie au Massachussets Institute of Technology a décrit de manière mordante comme « un exercice d’enfants sur ce qui pourrait arriver », préparé par un « groupe particulier » sans « compétence technique ».
C’est une assertion accablante faite par un scientifique aux références impeccables. Et ici nous arrivons à l’essentiel de la différence entre l’Europe et les Etats Unis. Durant les années écoulées, les journaux en Europe on échoué à reconnaître la science qui ne soutient pas et ne légitimise pas le mythe. En Grande-Bretagne, des journaux libéraux comme le Guardian et The Independant ont constamment ignoré à peu près toutes les preuves soulignant la complexité et le coté incertain du changement climatique, préférant à la place présenter le réchauffement climatique comme l’Armageddon, une catastrophe produite par la cupidité des sociétés américaines dévoreuses de carburant.
Pourtant, durant les 3 mois écoulés, il est apparu une suite complète d’articles de science « dure », en provenance d’institutions scientifiques majeures, publiés dans des journaux scientifiques majeurs, comprenant Nature, Climate Research, et le Bulletin de l’American Meteorological Society, soulevant tous des questions sérieuses à propos des relations entre émissions de gaz à effet de serre et climat.
On s’est focalisé sur le role de la vapeur d’eau, incontestablement le plus important gaz à effet de serre (et non le gaz carbonique) ; les relations passées entre dioxyde de carbone et température sur une longue période, la grande quantité de données manquantes ou mal connues dans les modèles climatiques ; et la nécessité de corriger certaines mesures de température pour alimenter les modèles, particulièrement celles effectuées au-dessus des océans. Un article, du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, conclut même que « notre revue de la littérature montre que les modèles couplés océan atmosphère ne sont pas assez robustes pour fournir une compréhension des effets potentiels du CO2 sur le climat nécessaire pour un débat public ».
Verbiage du réchauffement
La science du réchauffement climatique est donc profondément défectueuse, mais sa prudence et sa rationalité sont noyées dans le verbiage du réchauffement qui émane maintenant de manière si stridente d’Europe. Pourtant, parce que la science est si défectueuse et incertaine, pourquoi est-ce que qui que ce soit signerait un traité qui, clairement, ne fonctionnera pas ? Pour le dire simplement : l’idée que nous puissions contrôler un climat chaotique, gouverné par un milliard de facteurs, en tripatouillant quelques gaz sélectionnés de manière politique, est un « baratin carboné ».
Kyoto, cependant, est ultimement encore plus dangereux que cela. Cela nous a détourné le regard, intentionnellement, de la vraie manière avec laquelle les hommes ont toujours fait face au changement, quelle que soit sa cause, sa direction ou sa vitesse – c’est à dire l’adaptation. Au dessus de tout, nous avons besoin d’un nouvel agenda international pour une adaptation technologique constante au changement d’environnement, que ce dernier soit graduel ou catastrophique, en se souvenant toujours que ce sont les pauvres qui souffrent le plus du changement
Le protocole de Kyoto n’est pas une solution.
Version française avec commentaire
Air Chaud + Science défectueuse = Emissions dangereuses
Par Philip Stott, professeur de biogéographie à l’Université de Londres et co-auteur de « Ecologie politique : la Science, le Mythe et le Pouvoir » (Oxford University Press, 2000) [Renseignements pris, outre son enseignement, M. Stott a une activité publique comme avocat des biotechnologies sur son site web].
Quand la directrice de l’Environmental Protection Agency [Agence de Protection de l’Environnement ; la directrice en question vient d’être nommée par Bush au moment où j’écris ces lignes] Christine Todd Whitman a dit aux journalistes la semaine dernière « Non, nous n’avons aucun intérêt à implémenter le protocole de Kyoto », elle a déclenchée une hystérie en Europe supérieure même à celle causée par les troubles actuels que la Grande Bretagne connaît avec la fièvre aphteuse. Ce fut comme si George W. Bush avait appuyé sur le bouton de l’arme atomique. Pourquoi ? [jusque là il constate l’ampleur d’une réaction, qui a effectivement été forte. Les faits ne sont donc pas faux]
La raison est simple : en Europe, le réchauffement climatique est devenu un mythe nécessaire, une nouvelle religion fondamentale, dont les articles du protocole de Kyoto constituent le livre de foi. Les tenants de cette foi nouvelle veulent juger M. Bush parce qu’il a blasphémé. [là nous commençons les arguments fallacieux : si quelqu’un n’est pas d’accord avec Bush, c’est nécessairement au nom de la morale !]
Energie Emotionelle
Personne ne comprendra cela aux Etats-Unis s’ils n’arrivent pas à saisir que le réchauffement climatique a absorbé plus d’énergie émotionnelle des groupes de pression verts européens que pratiquement tout autre sujet. Même les biotechnologies ont un impact marginal par comparaison [en France ce n’est pas tout à fait vrai, mais passons]. Les Américains doivent aussi comprendre que la science complexe du changement climatique a peu a voir avec le mythe. Aux Etats-Unis, la science est rigoureusement examinée, en Europe ce n’est pas le cas [La globalisation a frappé ici aussi : cela fait bien longtemps que la science nationale a disparu ! Il n’y a pas plus de science US que de science européenne, mais une science internationale : chaque auteur écrit en Anglais, et est relu par des pairs partout dans le monde. En outre, dans le cas précis qui nous concerne, il se trouve, hélas pour notre ami, que le GIEC, qui a précisément la tâche d’expertiser la science, et dont les rapports soulignent clairement le danger, comporte plus de rédacteurs américains que de tout autre pays. Rappelons aussi que ces rapports sont approuvés à l’unanimité en assemblée plénière où chaque pays – donc les USA – envoie un représentant dûment mandaté et scientifiquement compétent pour parler officiellement en son nom].
Le « réchauffement climatique » a été inventé en 1988 [non ! les premières théories sur le sujet datent d’il y a un siècle….], quand il a remplacé deux mythes en vigueur auparavant qui étaient la plongée imminente dans un autre âge glaciaire et la menace d’un hiver nucléaire [la menace d’un hiver nucléaire existe toujours, hélas, puisqu’il existe toujours des pays équipés d’armes atomiques en état de servir. Le fait que l’on en parle moins maintenant n’a pas fait disparaître la menace : confondre risque (qui est un fait objectif) et perception du risque (qui est un fait subjectif) est une faute grossière de raisonnement – à moins que ce ne soit volontaire] Le nouveau mythe était destiné à englober une large palette d’autres mythes et attitudes qui se sont développés dans les années 1960 et 1970, comprenant les « limites à la croissance » [Toute fonction qui croit de x% par an est une exponentielle, qui ne peut donc perdurer indéfiniment dans un monde fini. Il n’y a pas d’idéologie dans cette vérité, juste des maths. Nier l’existence même d’une limite à la croissance, même si on ne peut connaître facilement cette dernière, est un non-sens. Voir ici pour une petite prospective rien que pour l’énergie], le développement durable, des craintes néo-malthusiennes d’une bombe démographique [la population est l’une des choses qui ne peut pas croître jusqu’à l’infini non plus. Donc affirmer que nous sommes parvenus à 6 milliards d’habitants sans dommage pour la planète ne sera possible qu’une fois que nous aurons constaté que la Terre les aura hébergés (les 6 milliards d’habitants) pendant quelques siècles ou millénaires sans en souffrir. Sinon, c’est qu’une partie des dommages sont futurs mais inéluctables, et ne pas les prendre en compte dès maintenant est une erreur de raisonnement], la pollution [nier la pollution, c’est à dire parler de mythe à propos de l’impact des activités humaines sur notre environnement n’est à l’évidence pas sérieux], l’anti-américanisme anti-entreprises, et une analyse « Al-Gorienne » exposant que la cupidité humaine dérange l’harmonie écologique et l’équilibre de la Terre. [il est surprenant que Al Gore ait eu une telle influence en Europe dans les années 60 et 70… En outre – il s’agit d’une critique sur la forme et non sur le fond – l’auteur ne démontre pas en quoi Gore pourrait avoir tort]
Initialement, en Europe, le nouveau mythe a été adopté à la fois par la Gauche et la Droite. La Droite avait le souci de briser le pouvoir des syndicats traditionnels, comme celui des mineurs [je me demande si « en Europe » n’est pas de fait « en Grande Bretagne » : les syndicats de mineurs qui ont beaucoup fait parler d’eux en Europe ces dernières années sont surtout situés en Grance Bretagne. En France et en Italie il n’y a quasiment plus de mines, et je n’ai pas le souvenir qu’en Allemagne les mineurs aient été particulièrement remuants récemment] – la population ouvrière derrière une source majeure de gaz carbonique – et la promotion du nucléaire [75% de la puissance électronucléaire installée à ce jour dans le monde a été construite avant 1985, donc décidée dans les années 1970. L’effet de serre n’y est pour rien ou si peu, c’est l’indépendance énergétique qui était en jeu]. Le Hadley Centre pour la Prévision et la Recherche Climatique a été créé suite à l’action personnelle de personne d’autre que Margaret Thatcher.
La Gauche, par contraste, était obsédée par la croissance de la population mondiale [sans parler d’obsession, et sans nécessairement être à gauche, on peut se demander si la Terre pourra supporter indéfiniment et sans catastrophe 6, voire 10 milliards d’êtres humains : en quoi cette interrogation est-elle illégitime ?], la voiture, le développement et la globalisation [il aurait pu rajouter que Gauche et Droite partagent l’obsession commune de la croissance, ce qui devrait plutôt le réjouir]. Aujourd’hui, la narration du réchauffement climatique a évolué vers un problème emblématique pour les Verts autoritaires [considérer que tout discours faisant part d’une préoccupation sur l’environnement fait nécessairement de son auteur un Vert, ou, pour dire les choses autrement, que les Verts sont propriétaires de tout discours sur l’environnement est un sophisme], qui emploient une forme de langage qui a été caractérisée par le physicien P. H. Borcherds comme « le subjonctif hystérique » [quoi que cet article soit pour l’essentiel un tissus d’inepties, sur ce point particulier je ne lui donne pas tort !]. Et c’est maintenant l’impératif grammatical qui domine les médias [un fait et sa transcription dans la presse peuvent différer ; cela arrive même assez souvent ! On ne peut pas sérieusement dire que la science n’est pas bonne parce qu’elle est exposée ou interprétée de travers dans le journal, et du reste une interprétation erronée est très exactement ce que fait cet auteur] européens quand ils se plaignent de M. Bush, des USA, et leur reniement volontaire de la foi véritable.
De manière intéressante, la tension entre la science et le mythe caractérise le troisième « rapport d’évaluation », du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, vers lequel l’Europe se tourne pour en permanence pour se légitimer [ce rapport n’a pas été publié pour le moment, mais juste des résumés pour décideurs. Où bien il critique publiquement un document non publié, sur lequel personne ne peut se faire son propre avis, ce qui est douteux sur le plan de la méthode, ou bien il s’est emmêlé les pinceaux en confondant un document publié (le résumé pour décideurs) et le rapport complet, ce qui me semble de très loin le plus probable]. Toute la tonalité du rapport diffère entre le résumé pour décideurs (rédigé par un groupe puissamment inféodé au mythe) [il y a trois résumés pour décideurs : duquel parle-t-il ? La suite de l’article permet de deviner qu’il parle probablement du rapport du groupe 2, celui qui essaie d’estimer les impacts du changement climatique. Ce document a été approuvé en assemblée plénière du GIEC, donc notamment par le représentant des USA (et aussi par celui de l’Arabie Saoudite, de l’Iran, de la Chine et du Venezuela). Ceux-là aussi sont « inféodés au mythe » ?] et le sections scientifiques [bis : ces sections n’ont pas encore été publiées. Comment peut-il savoir ce qu’il y a dedans ? En outre je doute fort que notre ami ait lu – ou finisse par lire – le rapport complet du groupe 2, qui fait quasiment 1000 pages, de telle sorte que sa comparaison m’a l’air plus défectueuse que la science dans cette affaire !].
Cela fait un choc de lire ce qui suit dans les conclusions scientifiques : au total, une stratégie doit reconnaître ce qui est possible. Dans la recherche et la modélisation climatiques, nous devrions reconnaître que nous avons affaire à un système couplé non linéaire, et que en conséquence les prévisions d’un climat futur spécifique ne sont pas possibles [« les prévisions d’un climat futur spécifique ne sont pas possibles », cela veut dire : nous ne sommes pas capables de prédire la température exacte qu’il fera à Hong-Kong pendant l’été 2058. Cela signifie-t-il pour autant que les indications sont sans valeur ? Peut-on prétendre que l’auteur de l’article n’a aucune idée de l’argent qu’il a dans sa poche si il n’est pas capable de donner la somme au penny près ?].
Inévitablement, les médias en Europe n’ont pas mentionné cette carence scientifique vitale [ce qui est publié dans le journal dépend tout autant – sinon plus – du journaliste que de ce que disent les scientifiques !], choisissant de se concentrer plutôt sur le résumé politique, que Richard S. Lindzen, un professeur de météorologie au Massachussets Institute of Technology a décrit de manière mordante comme « un exercice d’enfants sur ce qui pourrait arriver », préparé par un « groupe particulier » sans « compétence technique » [Lindzen est effectivement un scientifique compétent dans son domaine (le fonctionnement des processus physiques du climat). Mais je doute qu’il ait des connaissances élaborées sur les possibilités d’adaptation des écosystèmes naturels, des sociétés humaines, ou des poissons à des modifications de leur milieu, toutes choses qui sont au cœur du rapport du groupe 2. En outre, s’il critique – avec une certaine mauvaise foi pour ce que j’ai pu en juger à travers son interview que j’ai lue sur Internet, qu’il m’a cependant affirmé ne pas avoir relue avant parution – certaines suppositions des modèles, Lindzen ne conteste en rien que le CO2 atmosphérique ait augmenté fortement depuis le début de l’ère industrielle ni que le gaz carbonique découlant de nos activités entraînera un changement climatique (il a même signé un rapport à Bush affirmant tout cela et disant que le travail du groupe 1 du GIEC était « remarquable »). Ce que fait Lindzen est de mettre sur la place publique ses questions – qui ne sont intelligibles que par les modélisateurs – concernant la pertinence de telle ou telle manière d’avoir reproduit la réalité dans tel ou tel modèle, mais il s’agit d’une interrogation portant sur notre aptitude à prédire quantitativement un phénomène qu’il ne nie en rien qualitativement. Le prendre à témoin est donc surprenant].
C’est une assertion accablante faite par un scientifique aux références impeccables [Ce que Lindzen critique, en gros, est la représentation des nuages dans les modèles (il s’agit d’une discussion technique qui ne remet pas en cause les principales conclusions de fond). J’ai quelques doutes sur le fait que M. Stott soit plus compétent que moi (qui ne les ai pas vues), ma maraîchère – que je vous recommande, soit dit en passant – ou ma fille de 4 ans pour savoir si les équations choisies par les physiciens sont les mieux adaptées au problème].
Et ici nous arrivons à l’essentiel de la différence entre l’Europe et les Etats Unis. Durant les années écoulées, les journaux en Europe on échoué à reconnaître la science qui ne soutient pas et ne légitimise pas le mythe [ce que raconte le journal est le problème du journal. En déduire que la science est « frelatée » est bien hardi !]. En Grande-Bretagne, des journaux libéraux comme le Guardian et The Independant ont constamment ignoré à peu près toutes les preuves soulignant la complexité et le coté incertain du changement climatique, préférant à la place présenter le réchauffement climatique comme l’Armageddon, une catastrophe produite par la cupidité des sociétés américaines dévoreuses de carburant [encore une assimilation infondée des scientifiques et des journalistes].
Pourtant, durant les 3 mois écoulés, il est apparu une suite complète d’articles de science « dure », en provenance d’institutions scientifiques majeures, publiés dans des journaux scientifiques majeurs, comprenant Nature, Climate Research, et le Bulletin de l’American Meteorological Society, soulevant tous des questions sérieuses à propos des relations entre émissions de gaz à effet de serre et climat [Je n’ai pas pu lire ces articles, puisque M. Stott s’est prudemment abstenu de les citer. Il faut toutefois savoir que le GIEC existe précisément parce qu’il y a pléthore d’articles scientifiques à propos du changement climatique, qu’il faut tous les lire et en tirer une vue globale sur l’affaire !].
On s’est focalisé sur le rôle de la vapeur d’eau, incontestablement le plus important gaz à effet de serre (et non le gaz carbonique) [cela fait longtemps que l’on sait que la vapeur d’eau est le premier gaz à effet de serre : un siècle et demi au moins, depuis que Tyndall et Pouillet ont travaillé sur la question. En fait s’il n’y avait pas d’eau sur Terre, le réchauffement lié à un doublement du CO2 serait plafonné à 1,2 °C ; c’est précisément l’augmentation de la concentration en vapeur d’eau dans l’atmosphère suite à un début du réchauffement qui est susceptible de faire monter la température jusqu’à 4 ou 5°C] ; les relations passées entre dioxyde de carbone et température sur une longue période [ce point est aussi investigué depuis longtemps], la grande quantité de données manquantes ou mal connues dans les modèles climatiques [Voilà typiquement une accusation vague, donc commode ! : cette phrase peut signifier « la grande quantité de phénomènes physiques pas ou mal représentés par des équations dans les modèles » (ce que les modélisateurs disent eux-mêmes, ce n’est donc pas une découverte), ou encore « les mesures qui manquent pour alimenter les modèles » (voir remarque suivante). Mais…il faut être modélisateur soi-même pour savoir si c’est très gênant ou pas] ; et la nécessité de corriger certaines mesures de température pour alimenter les modèles, particulièrement celles effectuées au-dessus des océans [les points de mesure au-dessus des océans sont effectivement plus rares qu’au dessus des continents. Il faut donc interpoler pour donner des valeurs initiales aux nœuds du maillage, qui ne sont pas nécessairement situés pile à l’endroit où l’on a une station de mesure ! Mais encore une fois, il faut être climatologue soi-même pour savoir si l’approximation réalisée induit des sources d’erreur significatives, et jusqu’à maintenant on a considéré que ce n’était pas le cas parce que les modèles représentent correctement les grandes tendances du climat passé]. Un article, du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, conclut même que « notre revue de la littérature montre que les modèles couplés océan atmosphère ne sont pas assez robustes pour fournir une compréhension des effets potentiels du CO2 sur le climat nécessaire pour un débat public » [où est le niveau de compréhension nécessaire pour un débat public, et quel débat public ?].
Verbiage du réchauffement
La science du réchauffement climatique est donc profondément défectueuse [encore un sophisme : déduire de l’expression d’une incertitude sur un point donné, qui n’est contestée par personne, que tout est à jeter], mais sa prudence et sa rationalité sont noyées dans le verbiage du réchauffement qui émane maintenant de manière si stridente d’Europe. Pourtant, parce que la science est si défectueuse et incertaine, pourquoi est-ce que qui que ce soit signerait un traité qui, clairement, ne fonctionnera pas ? [qu’est-ce qui ne fonctionnera pas ?] Pour le dire simplement : l’idée que nous puissions contrôler un climat chaotique, gouverné par un milliard de facteurs, en tripatouillant quelques gaz sélectionnés de manière politique, est un « baratin carboné » [M. Stott n’a aucune compétence particulière pour discuter l’importance relative des « milliards de facteurs » qui gouvernent le climat. S’il pense qu’il a des preuves du fait que le comportement humain est sans incidence sur le climat, pourquoi ne publie-t-il pas dans la littérature scientifique un article le démontrant, en citant de manière précise les travaux et expériences qui permettent de conclure ainsi, ce qu’il n’a bien sur jamais fait ? Nous sommes comme au tribunal : les déclarations ne valent rien si elles ne sont pas accompagnées de preuves].
Kyoto, cependant, est ultimement encore plus dangereux que cela. Cela nous a détourné le regard, intentionnellement, de la vraie manière avec laquelle les hommes ont toujours fait face au changement, quelle que soit sa cause, sa direction ou sa vitesse – c’est à dire l’adaptation [si l’on peut s’adapter à toute évolution, ce qui semble être ce que Monsieur veut dire, je pourrais en déduire que ce n’est pas dangereux de se jeter du haut de la Tour Eiffel, parce que l’on peut s’adapter à 2 m du sol !]. Au dessus de tout, nous avons besoin d’un nouvel agenda international pour une adaptation technologique constante au changement d’environnement [étonnants scientifiques et ingénieurs, incompétents quand ils se penchent sur le climat, mais sur qui on comptera pour nous trouver les technologies permettant de s’adapter à tout !], que ce dernier soit graduel ou catastrophique [la technologie permettant de parer à un changement catastrophique de manière infaillible me semble d’une faisabilité douteuse, en tous cas je n’investirais pas mes maigres économies dans les actions d’une société qui prétendrait l’avoir trouvée !], en se souvenant toujours que ce sont les pauvres qui souffrent le plus du changement [cette assertion est vraie, mais quel rapport avec la science ?].
Le protocole de Kyoto n’est pas une solution [Bon, s’il le dit comme cela….].
M. Stott se sentirait-il légitime pour indiquer que tous les neurologues sont bons à jeter parce qu’il a repéré une erreur de diagnostic de l’uns d’entre eux ? C’est pourtant à peu près le raisonnement suivi ci-dessus : de la critique d’un individu, qui porte sur un aspect technique des modèles sans remettre en cause les conclusions fortes et qu’il est fort peu probable que M. Stott comprenne, il en déduit que tout est bon à jeter. Curieux raccourci, mais assez représentatif de tout ce que j’ai vu jusqu’à présent. Les raisonnements suivis par Lomborg sont à peu près du même tonneau.
Version anglaise originale
Hot Air + Flawed Science = Dangerous Emissions
By Philip Stott, a professor of biogeography at the University of London and co-author of « Political Ecology : Science, Myth and Power » (Oxford University Press, 2000).
When Environmental Protection Agency Administrator Christine Todd Whitman told reporters last week, « No, we have no interest in implementing the Kyoto treaty, » she unleashed a hysteria in Europe unmatched even by the United Kingdom’s current troubles with foot-and-mouth disease. It was as if George W. Bush had pressed the nuclear button. Why?
The reason is simple. In Europe, « global warming » has become a necessary myth, a new fundamentalist religion, with the Kyoto protocol as its articles of faith. The adherents of this new faith want Mr. Bush on trial because he has blasphemed.
Emotional Energy
Nobody will understand this in the U.S. if they fail to grasp that « global warming » has absorbed more of the emotional energy of European green pressure groups than virtually any other topic. Even biotechnology fades into insignificance by comparison . Americans must also understand that the science of complex climate change has little to do with the myth. In the U.S., the science is rightly scrutinized ; in Europe, not so.
« Global warming » was invented in 1988, when it replaced two earlier myths of an imminent plunge into another Ice Age and the threat of a nuclear winter. The new myth was seen to encapsulate a whole range of other myths and attitudes that had developed in the 1960s and 1970s, including « limits to growth », sustainability, neo-Malthusian fears of a population time bomb, pollution, anticorporate anti-Americanism, and an Al Gore-like analysis of human greed disturbing the ecological harmony and balance of the earth.
Initially, in Europe, the new myth was embraced by both right and left. The right was concerned with breaking the power of traditional trade unions, such as the coal miners — the labor force behind a major source of carbon-dioxide emissions — and promoting the development of nuclear power. Britain’s Hadley Center for Climate Prediction and Research was established at the personal instigation of none other than Margaret Thatcher.
The left, by contrast, was obsessed with population growth, industrialization, the car, development and globalization. Today, the narrative of global warming has evolved into an emblematic issue for authoritarian greens, who employ a form of language that has been characterized by the physicist P.H. Borcherds as « the hysterical subjunctive. » And it is this grammatical imperative that is now dominating the European media when they complain about Mr. Bush, the U.S., and their willful denial of the true faith.
Interestingly, the tension between science and myth characterizes the « Third Assessment Report » of the Intergovernmental Panel on Climate Change, to which Europe always turns for legitimation. The whole feel of the report differs between its political summary (written by a group powerfully driven by the myth) and the scientific sections. It comes as a shock to read the following in the conclusions to the science (italics added): « In sum, a strategy must recognize what is possible. In climate research and modeling, we should recognize that we are dealing with a coupled non-linear system, and therefore that the prediction of a specific future climate is not possible. »
Inevitably, the media in Europe did not mention this vital scientific caveat, choosing to focus instead on the political summary, which Richard S. Lindzen, a professor of meteorology at the Massachusetts Institute of Technology, has described scathingly as « very much a children’s exercise of what might possibly happen, » prepared by a « peculiar group » with « no technical competence. » This is a damning statement from a scientist with impeccable credentials.
And here we come to the nub of the difference between Europe and the U.S. For the past few years, the media in Europe have failed to acknowledge the science that does not support and legitimize the myth. In Britain, liberal newspapers like the Guardian and the Independent have consistently ignored virtually all the evidence pointing to complexity and uncertainty in climate change, preferring instead to present « global warming » as Armageddon, a catastrophe produced by corporate American gas-guzzling greed.
Yet, just in the past three months, there has appeared a whole suite of hard science papers from major scientific institutions in major scientific journals, including Nature, Climate Research, and the Bulletin of the American Meteorological Society, all raising serious questions about the relationship between gas emissions and climate.
The focus has been on the role of water vapor, unquestionably the most im-portant « greenhouse » gas (not carbon dioxide) ; the palaeogeological rela-tionships between carbon dioxide and temperature ; the many missing, or poorly known, variables in climate models ; and the need to correct certain temperature measurements fed into the models, especially those taken over the oceans. One paper, from the Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, even concludes that « our review of the literature has shown that GCMs [global climate models] are not sufficiently robust to provide an understanding of the potential effects of CO2 on climate necessary for public discussion. »
Warming Waffle
The science of « global warming » is thus deeply flawed, but its caution and ra-tionality are drowned in the warming waffle now emanating so shrilly from Europe. Yet, because the science is so flawed and uncertain, why should anyone sign up to a treaty that clearly will not work? To put it simply : The idea that we can control a chaotic climate governed by a billion factors through fiddling about with a couple of politically selected gases is carbon claptrap.
Kyoto, however, is ultimately more dangerous than this. It has taken our eye, internationally, off the true way by which humans have always had to cope with change, whatever its cause, direction or speed — namely, adaptation. Above all, we need a new international agenda for constant technological adaptation to environmental change, whether gradual or catastrophic, remembering always that it is the poor who suffer the most from change.
The Kyoto protocol is not the answer.